De nouveaux radars sonores pour lutter contre le bruit à Paris
Publié le :
Ce sont des radars qui ciblent les véhicules les plus bruyants. Sept collectivités se sont portées candidates pour tester ces radars d'un nouveau genre, dont la ville de Paris qui vient d'en installer deux dans les rues d'Avron (XXe arrondissement) et Cardinet (XVIIe).

Au-dessus de la circulation intense, accroché à un lampadaire, une étrange antenne a fait son apparition rue Cardinet, dans le XVIIe arrondissement de Paris : une plaque étroite d'environ un mètre de long, truffée de micros et reliée à une caméra et un boîtier de traitement des données. C'est l'un des nouveaux radars sonores de Paris.
Lucile Pinel, directrice de la société MicrodB, explique que les sons et les images sont traités de concert. « C'est la multiplicité des microphones qui permet de bien isoler le bruit d'un véhicule, parce que vous entendez, il y a un contexte de bruit important. Donc on arrive à extraire un seul véhicule qui passe sous le dispositif. Il y a aussi une caméra de contexte, qui voit du haut la scène et permet d'attester la présence du véhicule. »
Un seuil maximum de décibels autorisé
L'appareil peut donc détecter la plaque d'immatriculation de celui qui, dans la jungle urbaine des voitures, poids lourds, motos ou scooters, dépasse le seuil sonore autorisé. Un seuil qui devrait être fixé autour de 90 décibels. Par comparaison, un camion a le droit d'émettre jusqu'à 84 décibels. L'Organisation mondiale de la santé recommande, elle, moins de 53 décibels.
« C'est vraiment un bruit très important, c'est-à-dire qu'à 90 décibels, les conversations s'arrêtent, ce n'est pas possible d'avoir une activité normale. C'est ce qu'on constate régulièrement dans la rue, on est parfois obligé de s'interrompre de parler parce que le bruit va couvrir la voix, explique Olivier Chrétien, responsable du pôle qualité environnementale à la mairie de Paris. Donc on va considérer qu'au-delà de 90 décibels, on a un comportement anormal qui gêne le voisinage. Sur ce motif, on pourra le verbaliser. »
Jusqu'à 8 mois d'espérance de vie en bonne santé en moins
L'amende est fixée à 135 euros. L'objectif est de traquer les incivilités. Mettre un terme aux rodéos urbains ou aux accélérations excessives par exemple. Car plus qu'une simple nuisance, le bruit est un enjeu de santé publique.
« Rien que pour le bruit routier, c'est huit mois d'espérance de vie en bonne santé en moins pour les Parisiens. Et on sait qu'une moto débridée qui circule à Paris la nuit peut réveiller jusqu'à 10 000 personnes, rappelle Dan Lert, adjoint à la mairie de Paris en charge de la transition écologique. Les impacts sur la santé sont énormes, et donc nous avons décidé d'expérimenter ces deux premiers radars sonores pour réduire la pollution sonore à Paris. »
Au sein de l'Union européenne, 12 000 personnes meurent prématurément de la pollution sonore chaque année. Reste à savoir si ces radars seront réellement efficaces contre le bruit. L'expérimentation doit durer en tout deux ans en France. Dans un premier temps, il s'agira de roder et d'homologuer ces nouveaux dispositifs. Et d'ici le printemps 2023, les conducteurs pourront être verbalisés.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne