Reportage France

La désalinisation de l'eau de mer en Bretagne, une solution palliative à la sécheresse

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À l'ouest de la France, en Bretagne, l'île de Groix est en alerte sécheresse et pénurie d'eau depuis le mois de juin. La venue de nombreux touristes n'arrange pas la situation, la consommation d'eau double tous les étés. Pour remédier à ce problème et éviter de devoir couper l'eau courante aux habitants, la municipalité et l'agglomération de Lorient ont installé une usine de dessalement de l'eau de mer. Un système provisoire, lancé en urgence et qui devrait être démonté en octobre.

Le barrage dans lequel l'eau douce traitée est rejetée.
Le barrage dans lequel l'eau douce traitée est rejetée. © Stéphane Duguet / RFI
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Sur l'île de Groix, au printemps, tout le monde observait le barrage de Port Melin, la principale source d'eau potable de la commune. Le niveau de l'eau diminuait dangereusement. Le maire, Dominique Yvon, était inquiet : « Souvent, on prétend en ricanant qu'en Bretagne, il pleut tout le temps, mais depuis cinq mois, on n'a pas dû avoir trois jours de pluie... C'est quand même un signe important du changement climatique qui est sous nos yeux. Nous, on a la chance d'avoir l'Atlantique, qui est une source d'eau inépuisable. »

C'est pourquoi, pour éviter la coupure d'eau potable, la municipalité et l'agglomération de Lorient se sont tournées vers la mer. L'usine de dessalement de l'eau se trouve sur la falaise, au-dessus du barrage qu'elle alimente en eau douce. « Nous avons installé un équipement de pompage d'eau de mer sur un radeau. L'eau est ensuite acheminée par des conduites flottantes qui remontent le long du barrage, pour être stockée dans une bâche, explique Sandrine Delemazure, directrice du service de l'eau et de l'assainissement à l'agglomération de Lorient. Ensuite, l'eau est acheminée vers des caissons qui servent à séparer le sel de l'eau, et donc, d'avoir une production d'eau douce. On a aussi un rejet sur cette installation, très chargé en sel, parce que le sel qu'on enlève d'un côté, on le rajoute de l'autre. »

La bâche verte où l'eau salée est stockée avant d'être traitée.
La bâche verte où l'eau salée est stockée avant d'être traitée. © Stéphane Duguet / RFI

Une solution qui n'a pas que des avantages 

Cette solution demande beaucoup d'énergie et elle peut endommager les écosystèmes marins. Quentin habite à Groix., il pense aux conséquences environnementales de cette installation. « Moi je suis plongeur, ce qui m'inquiète, c'est surtout que les usines de dessalinisation rejettent du sel dans la mer, qui est déjà salée. En dessous, il y a des eaux qui regroupent des espèces protégées, comme les hippocampes, et qu'on resalinise une eau qui est déjà en train de monter en resalinisation globalement. »

C'est pour ces raisons que l'usine n'a qu'une autorisation temporaire. Selon Nicolas Roche, professeur à l'Université d'Aix-Marseille, tant que le dessalement de l'eau de mer est utilisée en faible proportion dans le pays, son impact environnemental reste limité. Pour autant, cette solution n'est pas pérenne. « Le dessalement agit en palliatif, on est plus sur une logique de pansement, explique-t-il. On essaye de répondre à une crise temporaire, sauf que ce n'est pas une crise temporaire, c'est une crise qui va s'installer dans le temps. Il faut vraiment l'inscrire dans un schéma global lié aux usages de l'eau. »

Ce qui signifie mieux gérer l'eau, éviter les pertes ou encore diminuer sa consommation. Une autre piste pour réduire le pompage des nappes phréatiques serait la réutilisation de l'eau. En France, seulement 0,6% des eaux usées sont recyclées contre 8% en Espagne et 14% en Italie. 

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