Des casiers solidaires à destination des personnes sans domicile fixe
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Emmaüs alternatives, en partenariat avec la ville de Montreuil, en banlieue parisienne, a décidé il y a 4 ans de s'inspirer de l'initiative des casiers solidaires au Portugal, en proposant de mettre à disposition des casiers métalliques pour que les personnes sans domicile fixe puissent stocker leurs affaires. Un premier pas pour sortir les personnes de la rue.

« Voilà, j’y ai toutes mes affaires, mes chaussures, la valise quand ils me donnent de la nourriture, et tous mes documents depuis que je suis en France. Ici, y a tout dedans », indique Idrissa. Cela fait 13 ans qu’il vit à la rue. Alors pour lui, ce casier disponible 24 heures sur 24, c'est plus qu’un simple placard.
« C’est ma maison, ça fait un an, quatre jours aujourd’hui », raconte Idrissa. « Quand tu as la rue, ce n’est pas facile. Des fois, tu as tous tes dossiers avec toi, tu peux les perdre. Les sacs à dos, c’est fatigant quand il pleut, tes dossiers, ils peuvent être mouillés, tu peux te faire voler tes affaires, ça peut arriver à tout moment. Et là, ils sont à l’abri. La clé est là, je la porte toujours avec moi », poursuit-il.
Un accompagnement « au pied des casiers »
Seule condition pour obtenir la précieuse clé : les demandeurs doivent être sans domicile fixe et s’engager contractuellement à suivre un accompagnement social. « Au-delà du dispositif physique, en fait, ce que sont les casiers, c’est un projet social qui est dans une démarche “d’aller vers”, c’est-à-dire que, a contrario de beaucoup de dispositifs conventionnels, on dirige les services vers la personne et non pas orienter la personne vers les services », explique Rudy Guillot, chargé de développement des casiers solidaires.
« Là, concrètement, on dit que l’accompagnement se fait au pied des casiers, c'est-à-dire rencontrer directement les bénéficiaires, les accompagner vers les administrations, et travailler ce qui devait être le renouvellement de droit à l’accès à la santé », poursuit-il. Puis d’ajouter : « Enfin, cette première marche permet vraiment d’accompagner des gens qui sont très marginalisés, qui sont très éloignées justement de ces dispositifs, d’avoir cette étape un peu intermédiaire vers la suite en fait. »
Vers une installation du dispositif dans d'autres villes
Au total, depuis 2018, 24 casiers ont été installés dans les rues de Montreuil et depuis ils sont quasiment toujours occupés. L’initiative est bien acceptée par les riverains. Thierry tient une agence immobilière située juste en face du bloc de casiers. Pour lui, « ça ne [me] pose pas du tout de problème, il n’y a jamais eu de souci et les gens, ils font leur affaire et puis ils repartent. On a tous besoin de stocker ses affaires et puis si ça peut leur rendre service, tant mieux. »
Sur la trentaine de personnes qui ont pu bénéficier du dispositif à Montreuil, huit d’entre elles ont pu sortir de la rue durablement. Fort de son succès, Emmaüs alternatives a déjà installé d’autres casiers à Clermont-Ferrand en avril dernier. Prochaine étape : Annecy en novembre prochain, puis Amiens, Vannes et Paris. À moyen terme, l’association espère ainsi mettre en place le dispositif dans 14 villes en France.
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