La nécessité du recueillement pour vivre et faire son deuil
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Le jour de la Toussaint, le recueillement peut prendre de nombreuses formes : cérémonies religieuses, réunions amicales, visites aux sépultures… Catherine et Piétro ont perdu un fils il y a 8 ans. Comme tous les ans, ils se rendront au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Quelques jours auparavant, ils sont allés prendre soin des plantes ; une façon pour eux d’être près de leur fils.

Détacher les fleurs flétries et chiffonnées, arracher les mauvaises herbes, rempoter une plante puis en planter une nouvelle, tailler, mettre les mains dans le terreau friable. Catherine et Piétro sont venus se recueillir sur la tombe de leur fils Louis, mort à 20 ans, il y a maintenant un peu plus de huit ans.
« Quand j’arrive au cimetière je me rue sur les plantes. Il est là, il est au Père-Lachaise, et c’est comme s’il se manifestait par se flot de vie, à travers le végétal qui pousse, qui bouge, qui meurt, qui vie », décrit Catherine. « Sur la tombe, je m’occupe. Je m’occupe un peu de lui... Peut-être que cela prolonge un soin que je lui portais quand il était vivant », explique Piétro.
Au tréfonds de soi
Parce que la mort peut paraître abstraite, pour Piétro, pendre soin de la sépulture, c’est matérialiser son deuil. « Faire des choses, regarder les saisons qui apparaissent sur la tombe... Ça donne à comprendre des choses – même si évidemment ça ne donne pas à comprendre la mort –, ça évite de ne rien comprendre du tout à ce qui se passe », pense-t-il.
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« Il se passe des choses sur sa tombe, on ne sait pas ce qui se passe en dessous, ce qui se passe au-dessus... Et dans cet intervalle, entre le très profond et le très “là-haut”, il y a les petites plantes qui poussent et ce petit concret fait du bien. Cela canalise les pensées dans quelque chose de plus serein », ajoute Piétro.
Il arrive à Catherine de dialoguer dans le silence avec son fils Louis quand elle vient se recueillir au cimetière du Père-Lachaise. « Quelquefois, il m’arrive de faire des méditations devant la tombe, mais là encore, je dirai que je pars un peu avec son âme et donc c’est quelque chose d’hyper intime. C’est au tréfonds de soi, c’est une relation d’âme à âme. C’est totalement indicible », raconte-t-elle.
« Le recueillement, c'est un sentiment, une perception »
Le dernier livre de Marie de Hennezel s’intitule Vivre avec l’invisible. Elle mène depuis longtemps une réflexion sur les rituels autour de la mort. « Le recueillement, c'est un sentiment, c’est une perception », explique Marie de Hennezel. « Ce n’est pas une croyance, c’est un sentiment, une perception que l’autre est présent, quelque part, en nous et en fait ce n’est pas surnaturel du tout, c’est très naturel. Il faut parler des morts et leur parler. Ça demande effectivement un recueillement. »
Et le recueillement peut être collectif, en témoigne Catherine qui a perdu un fils de 20 ans. « J’aime beaucoup qu’on y aille à plusieurs, ça me fait chaud au cœur. Là, du coup, il n’y a pas longtemps, on lui a passé une chanson qu’a écrit son cousin sicilien et on a tous écouté ensemble avec lui. »
Et c’est ainsi qu’on quitte le cimetière à petits pas avec l’image d’un jeune garçon incroyablement vivant.
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