Ancêtre de la vigne cultivée, la vigne sauvage est la seule à être originaire d'Europe et risque de disparaître d'Île-de-France à mesure que l'homme intervient sur les bords de Seine et les assèche. Le Conservatoire botanique national du Bassin parisien, rattaché au Muséum National d'Histoire Naturelle, a décidé de replanter une centaine de pieds dans une réserve naturelle en Seine-et-Marne, pour en renforcer la population.

La vigne sauvage, une liane qui va chercher la lumière jusqu'à la canopée en s'accrochant aux arbres, donne des raisins plus petits et plus âpres que ceux de sa descendante, la vigne cultivée. Protégée par la loi depuis 1995, elle est malgré tout menacée d'extinction en Île-de-France. La faute aux activités humaines qui attaquent son milieu naturel : des forêts clairsemées au bord des fleuves où elle aime avoir régulièrement les pieds dans l'eau, comme ici près de la Seine.
C'est ce qu'explique Philippe Bardin, scientifique du Conservatoire botanique du Bassin parisien : « La vigne sauvage est menacée par l'activité de l'homme, comme son habitat naturel, parce qu'on a canalisé le lit de la Seine, on a modifié le régime des crues, on a intensifié l'agriculture dans La Bassée, et on a aussi planté des peupliers, qui assèchent le milieu naturel ». Juste à côté de la réserve naturelle de La Bassée, une carrière de sable et de gravier fait baisser le niveau de la nappe phréatique.
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Un « réservoir de gènes sauvages » pour anticiper l'effet du réchauffement climatique
Piquets, grillage de protection, arrosage, les naturalistes du coin s'affairent. Pour Guillaume Larregle, de l'Association des Naturalistes de la Vallée du Loing, planter une centaine de jeunes vignes sauvages dans La Bassée, c'est recréer un bastion de biodiversité locale. « Cette vigne, étant donné qu'elle appartient à son environnement, est reconnue par les insectes, la faune du coin, explique-t-il. Ces espèces de faune, elles ont besoin de local, parce que c'est ce à quoi elles se sont adaptées depuis des siècles. »
Restaurer la vigne sauvage, c'est aussi préserver un réservoir de gènes dont nous aurons besoin à l'avenir. « La vigne cultivée a été sélectionnée et domestiquée depuis des milliers d'années avec une érosion de la diversité génétique. Le réchauffement climatique fait qu'il y a un intérêt absolu à protéger les parents sauvages de ces espèces cultivées pour trouver éventuellement dans ce réservoir de gênes sauvages des gênes de résilience pour l'adaptation des espèces cultivées aux changements globaux », souligne le scientifique Philippe Bardin.
Mais pour les premiers résultats, il faudra patienter... Alors que l'homme bétonne, canalise et défriche à grande vitesse, ces jeunes vignes mettront – pour celles qui résisteront aux aléas – une bonne dizaine d'années avant de faire des fleurs et des fruits et de se disséminer alentour.
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