Reportage France

La chaleur hivernale en France a de lourdes conséquences sur la biodiversité

Publié le :

L'Europe a débuté 2023 par une vague de douceur très inhabituelle et a déjà enregistré des centaines de records de chaleur. En France, des températures de +8 degrés supérieures à la normale saisonnière ont été enregistrées. Une chaleur hivernale qui a de lourdes conséquences sur la biodiversité. Alors que le phénomène promet de se répéter à l’avenir à cause du réchauffement climatique causé par l’homme.

Le changement climatique est aujourd’hui la troisième cause de l’effondrement de la biodiversité dans le monde.
Le changement climatique est aujourd’hui la troisième cause de l’effondrement de la biodiversité dans le monde. RFI/Elisa Drago
Publicité

Sous les rayons du soleil, les branches des arbres se balancent doucement dans le vent léger. Au Jardin du Luxembourg, au cœur de Paris, le temps cet hiver a tout de celui d’un beau printemps. Pierre-Emmanuel Jouanneau est apiculteur. Il est venu inspecter les 20 ruches du Jardin.

À cette époque de l’année, les abeilles hibernent. Mais ces dernières semaines, l’activité est plus intense que d’habitude. « Les abeilles, qui normalement ne sortent pas l’hiver, à partir de 10°C, sortent à la recherche de nourriture. Et comme il n’y a pas de nourriture, elles se fatiguent. Elles reviennent à la ruche et donc là crainte est une surconsommation des réserves », décrit l’apiculteur. « Quand les températures sont de 5, 6 °C, les abeilles consomment environ 500 grammes de miel par mois. Lorsqu’elles sortent, elles vont consommer jusqu’à 4 fois plus, donc il n’y a plus de réserve de miel et donc l’essaim va mourir. »

Des essaims menacés

Contre le risque de famine, les apiculteurs peuvent placer des pains de sucre dans la ruche et sauver une partie des essaims. Mais le risque sera plus grand si cette vague de chaleur se prolonge avant un retour brutal du froid. « Lorsque les arbres sont en fleurs prématurément, les abeilles vont sortir, vont commencer à butiner et là, la reine va se remettre à pondre », poursuit Pierre-Emmanuel Jouanneau.

« Il va donc falloir nourrir ces larves et, malheureusement, il y a régulièrement un coup de froid après, donc ça veut dire que n’y aura pas assez de réserves pour nourrir les larves et c’est l’ensemble de l’essaim qui va mourir. Donc, on perd des ruches chaque année. On considère que 30 % de mortalité, c’est devenu un chiffre habituel maintenant, alors qu’il y a quelques années, on était à 15 % », constate-t-il.

« Les impacts sont très forts »

Au-delà des abeilles, c’est toute la nature qui souffre de ces dérèglements climatiques, explique Jean-David Abel, pilote du réseau biodiversité de France Nature Environnement. « Il y a une adaptation. Mais cette adaptation, le bouleversement, les changements climatiques sont tellement rapides que beaucoup d’espèces ne peuvent pas s’adapter et donc on va avoir des affaiblissements très importants, de beaucoup d’espèces végétales. On le voit très bien dans les forêts, dans les arbres, des dépérissements, etc... Mais aussi animal sur les oiseaux, sur les insectes notamment. Les impacts sont très forts », alerte Jean-David Abel.

Le changement climatique est aujourd’hui la troisième cause de l’effondrement de la biodiversité dans le monde et pourrait devenir la principale raison de la perte du vivant si nous ne limitons pas le réchauffement à + 1,5 ° C d'ici à la fin du siècle.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes