Élevage: comment réduire le méthane entérique des vaches
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L'agriculture représente un cinquième des émissions de gaz à effet de serre de la France. Parmi les principaux responsables : les rots des ruminants. Le méthane entérique représente la moitié de l'empreinte carbone d'une exploitation laitière. Des initiatives existent déjà pour tenter de les limiter, comme la démarche « Eco-Méthane » de l’association Bleu-Blanc-Cœur.

En Bretagne, après la traite, les vaches de Martine et Joseph Bellier sortent de l’étable pour aller pâturer. La période hivernale sans sortie est limitée autant que possible.
« On fait de moins en moins de maïs. Avant, on faisait une vingtaine d'hectares de maïs, maintenant, on en fait une dizaine », explique Joseph Bellier. « Ça fait moins de produits phyto, et plus d'herbes. Pour l'alimentation, les vaches s'y retrouvent et nous aussi. Nourrir les vaches avec plus d'herbes, c'est meilleur qu'avec du maïs et du soja, et financièrement, l'herbe coûte moins cher à produire que du maïs. »
Plus d’herbe et un plus grand besoin d’adaptation de la part des éleveurs. « J'essaie de produire le lait le plus possible au printemps », souligne Joseph Bellier. Et Martine Bellier d'ajouter : « On a adapté aussi les périodes de vêlages. Par exemple, on arrête les vêlages de juin à août, voire début septembre, car on a une période avec des risques d'avoir plus de sécheresse. Une vache qui n'est pas en production laitière intensive a beaucoup moins de besoins. Si tout le moins vêlait en août, il faudrait acheter du maïs, donner du maïs beaucoup plus tôt, et ainsi de suite. »
Plus d'Omega 3, moins de méthane
Dans l’étable, vaches et génisses ont aussi droit à un complément. « On a un composé avec du lin et du colza. On a aussi de la luzerne qui apporte de l'Omega 3. Sur l'effet méthane, plus on a une valeur d'Omega 3 forte, plus la réduction est effective », indique Valentin Guillaumel est coordinateur environnement de Bleu-Blanc-Cœur.
Car la méthode promue par l'association repose sur l'alimentation. « La ration, c'est une valeur énergétique », explique Valentin Guillaumel. « Il y a une partie de l'énergie qui sert à produire du lait. Plus on a une ration qui va être efficace, mieux la vache digère la ration, et plus elle va produire de lait et moins émettre de méthane. L'idée est de réorienter certains microbes pour limiter les émissions de méthanes et améliorer la production laitière en qualité et en quantité. »

D'autres solutions pour réduire l'émission de méthane
C'est d'ailleurs en analysant le lait que Bleu-Blanc-Cœur évalue les réductions de méthane. Environ une tonne par an pour Martine et Joseph Bellier, soit plus de 25 tonnes équivalent CO2. Cette adaptation a un revers acceptable pour les éleveurs. « On a diminué en quantité de lait par vaches, mais après ce sont des vaches en meilleure forme », constate Martine Bellier. « On arrive à les garder plus longtemps en lactation et en vêlage aussi », souligne Joseph.
Ces exploitants s’appuient essentiellement sur un levier. Jean-Baptiste Dollé, responsable du service environnement de l’Institut de l’élevage, en a identifié d’autres. « Une des premières solutions, c'est la génétique. Rien a été fait jusqu'à maintenant pour sélectionner des animaux qui émettent moins de méthane. Il y a un autre levier ensuite qui concerne l'utilisation d'additifs. On réalise des expérimentations avec des algues par exemple. L'ajout d'algues dans les rations va permettre aussi de réduire l'émission de méthane. »
Selon Bleu-Blanc-Cœur, les 750 éleveurs engagés dans la démarche « Éco-Méthane » ont réduit de 15 % leurs émissions.

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