Sécheresse: les pêches de sauvetage se multiplient dans les Pyrénées-Orientales

Des bords de lacs de montagne à nu, des rivières de piémont au débit fortement réduit et des fleuves côtiers à sec sur plusieurs centaines de mètres. Les Pyrénées-Orientales, département du sud de la France, à la frontière avec l’Espagne, souffre d’une sécheresse historique depuis plus d’un an. Un manque d’eau, symptomatique du changement climatique et qui met en danger la vie aquatique : poissons, batraciens, végétaux. Alors les pêcheurs locaux se mobilisent et multiplient les pêches de sauvetage.

Pêche électrique organisée par la Fédération de pêche 66 au parc de Clairfont, à Toulouges (Pyrénées-Orientales), pour sauver carpes, gardons, perches et anguilles notamment. © Lucile Gimberg / RFI

De la vase apparente, des rochers à nu... Dans cet étang de la petite ville de Toulouges, il manque plus d’un mètre d’eau à cause de la sécheresse et les poissons sont en danger. « Si on ne les sort pas, ils vont tous mourir, c’est certain », explique Johnny Maureau, pêcheur dans les environs.

Alors pour sauver perches, gardons, anguilles et carpes, deux salariés de la Fédération locale et une poignée de bénévoles ont enfilé cuissardes et pantalons imperméables. Les voilà dans l’eau pour une opération de secours à l’épuisette électrique. 

Bastien Périno, de la Fédération de pêche des Pyrénées-Orientales : « On va passer cette épuisette électrique dans l’eau et le poisson va être attiré vers cette épuisette comme un morceau de métal vers un aimant. Il y a un opérateur avec épuisette électrique et deux autres opérateurs avec, cette fois, de véritables épuisettes qui récupèrent les poissons qui sont tétanisés. Cela les endort un tout petit peu, ce qui nous permet de les récupérer. »

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« C’est vraiment catastrophique »

Sur la berge battue par le vent, Jean-Marie récupère les seaux remplis de poissons et les nettoie « pour qu'ils n'aient pas de boue dans les branchies ». Pour pouvoir être transportés vers un lac voisin, les poissons sont plongés dans une grande cuve d’eau avec de l’oxygène.

Depuis janvier, une tonne de poissons ont été secourus dans le département. « C’est du jamais vu, d’habitude, on faisait des pêches de sauvetage l’été ou à la fin de l’été. Là cette année, depuis janvier, on est sur le pont. Toutes les semaines, la fédération intervient », explique Bastien Périno. « Cela nous fait de la peine. A Millas par exemple, il y a quatre plans d’eau, et les quatre sont asséchés. C’est vraiment catastrophique », s’alarme Jhonny Maureau.

Dans l’étang du parc de Clairfont à Toulouges (Pyrénées-Orientales), il manque déjà plus d'un mètre d'eau à cause de la sécheresse. © Lucile Gimberg / RFI

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Effets en cascade sur le milieu aquatique

L’espoir pour ces amoureux de la pêche ? Sauver leur loisir et sauver ce qui peut l’être de la nature, car la sécheresse a des effets en cascade sur le milieu aquatique. « En bord de cours d’eau ou en bord de lac se trouvent les zones de reproduction-croissance des alevins, les débuts des chaînes alimentaires où il y a les microalgues et les microinvertébrés », indique Benjamin Domenech, secrétaire général de la fédération locale.

«Tout ça va être impacté parce qu’actuellement, c’est soit au sec, soit en train de se mettre au sec.» Les arbres aussi en pâtissent : « en termes de végétaux, le bord des rivières et le bord des lacs, manquant d’eau, les arbres n’ont pas forcément la même quantité de racines qui y plonge, donc cela les affaiblit », poursuit-il.

Sauver les écosystèmes aquatiques, c'est aussi préserver des milieux naturels qui nous servent d’éponge et de filtre pour avoir de l’eau potable.