Une compensation carbone réfléchie pour éviter l'écoblanchiment
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La France vise la neutralité carbone d'ici à 2050. Elle s'engage donc à ne pas émettre plus de CO2 qu'elle ne peut en absorber. Pour y arriver, tous les secteurs doivent s'y mettre. Les particuliers, mais aussi les entreprises. Certaines misent sur la compensation carbone : c'est-à-dire absorber autant de CO2 que l'on en émet grâce à des programmes de reboisement. Une pratique qui doit être bien menée, car souvent accusée de favoriser le « greenwashing », ou écoblanchiment.

« La ligne qu'on va planter là, elle va nous servir à la fois d'ombrage et à la fois de nourriture. Donc, ça veut dire qu'il y aura un grand arbre tous les 15 mètres. Il faut s'imaginer. Et, en dessous de ça, on va mettre ce qu'on appelle des plantes fourragères, donc des plantes que les vaches peuvent manger et aiment manger. »
À la ferme de la Tremblay, au sud-ouest de Paris. Mathieu Girault, de la société française d'agroforesterie, fait face à un petit groupe venu participer à la transformation de 80 hectares de prairie en pâturage planté d'arbres et d'arbustes pour l'adapter au réchauffement climatique. Il supervise les travaux : « L'idée, c'est qu'on va mettre des arbres, des arbustes et des lianes, qui n'ont pas d'autres vocations que d'être mangés par les vaches et donc de prendre le relais aussi l'été, quand la prairie est grillée, on peut avoir un complément avec les arbres fourragers qu'on va installer. »
À genoux dans la terre, habits de ville crottés et mains douloureuses, une dizaine d'agents de l'entreprise de conseil en numérique Nexton sont donc à pied d'œuvre pour reboiser. Et l'exercice n'est pas aussi simple que ça pour ces employés de bureaux comme Xavier, manager de projet chez Nexton. « C'est la première fois que je fais ça. Après, je ne vois pas comment aujourd'hui, on ne puisse pas s'intéresser à ce type d'action, dans le sens où on entend parler de réchauffement climatique, on entend parler de protection de l'environnement. Et là, on a la possibilité de faire cette action concrète », raconte-t-il.
Planter intelligemment pour compenser réellement
En plus d'envoyer une équipe se frotter aux réalités du terrain, Nexton, mais aussi le groupe de travaux publics Eiffage et Mitsubishi, ont déboursé près de 50 000 euros cette année pour aider la ferme à réaliser cette transition écologique. Pour ces entreprises, cela sert à compenser une partie de leurs émissions de CO2. C'est Mannaig de Kersauson, dirigeante d'Oco, qui organise cette réduction de leur empreinte carbone : « La compensation carbone, c'est souvent – et à juste titre – accusé d'être un élément de greenwashing. Parce qu'on ne peut pas dire : "Je fais tout comme avant, j'émets énormément de gaz à effet de serre, et je ne m'intéresse pas aux réductions que je pourrais faire, parce qu'à la fin, je compense." Ce n'est pas ça, la dynamique. La dynamique, c'est de mettre en place toutes les solutions, quand il y en a, pour éviter certaines émissions, pour réduire tout ce qu'on peut. Néanmoins, il y aura toujours des émissions de gaz à effet de serre qui seront faites, et si on veut viser la neutralité, il va falloir compenser à un moment ou un autre ! »
Les arbres absorbent du CO2. Leur plantation, comme à la ferme de la Tremblaye, permet donc de compenser une partie du bilan carbone des entreprises. Mais, éviter et réduire leurs émissions de CO2 en amont, est en effet une condition sine qua non pour arriver à agir efficacement contre le changement climatique, selon les scientifiques.
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