Reportage France

À Rouen, une exposition retrace l’évolution du vêtement à l’école

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Le foulard islamique, le crop-top, l’uniforme... En France, quand il s’agit de parler de la tenue des élèves à l’école, le sujet devient hautement politique et inflammable. Pour apaiser le débat, et donner quelques clés de compréhension, le musée national de l'Éducation de Rouen propose une exposition intitulée S’habiller à l’école. Elle retrace l’évolution du vêtement scolaire, du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Les questions de genre et de laïcité sont abordées tout comme l’impact du vêtement scolaire sur la mode et ses tentatives de régulation par les établissements.

L’exposition «S’habiller à l’école» à Rouen ambitionne de déconstruire certains mythes sur le vêtement à l'école, sans porter de jugement
L’exposition «S’habiller à l’école» à Rouen ambitionne de déconstruire certains mythes sur le vêtement à l'école, sans porter de jugement © Baptiste Coulon / RFI
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C’est un vieux serpent de mer de la vie publique française : l’uniforme à l’école, évoqué régulièrement sous l’angle de son « retour » dans les salles de classes des écoliers français. Une appréciation trompeuse, car en réalité, il n’a quasiment jamais été porté dans les établissements français, sauf à de rares occasions dans le privé.

Il est souvent confondu avec la blouse, qui servait à protéger les habits des écoliers. C’est ce que l’on apprend au cours de l’exposition S’habiller à l’école, visible au musée de l’Éducation de Rouen et dont Éléonore Belin en est la coordinatrice. « En réalité, l’uniforme est très borné dans le temps en France, du XIXe siècle et tout début du XXe siècle. Il ne concerne que les élèves garçons, internes au lycée. On estime qu’en 1960, c’est 2 % des élèves qui sont concernés par l’uniforme. »

Une heure de visite, des photos, des reportages d’archives, des vêtements d’époque... L’exposition ambitionne de déconstruire certains mythes, sans porter de jugement. Un équilibre qu’a su trouver l’équipe de Marie Brard, directrice du musée : « Le but de cette exposition n’est pas de donner une manière de penser ou de voir, mais de donner des clés, des outils. La problématique du vêtement, on le voit, fait souvent la Une de l’actualité, encore récemment. Donc l’idée, c’est de montrer son évolution à travers l’histoire, et comment aujourd’hui, c’est encore un phénomène de société. »

1960, année charnière

Aujourd’hui, pas d’uniformes donc, mais de l’uniformité. Mêmes chaussures, mêmes blousons : en 2023, les tenues d’élèves se ressemblent. Le vêtement scolaire est central dans la construction de l’écolier. Il lui permet de se définir, de se différencier, ou de faire partie d’un groupe. Il influence aussi la mode au début des années 1960, explique Éléonore Belin. « 1960, c’est l’arrivée de la mixité dans les classes et ça correspond aussi à l’arrivée du prêt-à-porter. On autorise les jeunes filles à porter le pantalon sous la jupe, en hiver, quand il fait froid. Et donc le pantalon va sortir des cours de récré et va investir les vestiaires féminins, qu’ils soient enfantins ou adultes. »

Mais la tenue de l’élève est finalement peu évoquée dans les règlements scolaires. Au début du XXe siècle, c’est l’hygiène qui prime. Les questions de laïcité n’émergent qu’au début des années 1990. « La tenue des jeunes au collège et au lycée surtout peut faire polémique », admet Éléonore Belin. « On demande aux élèves de porter une tenue “appropriée”, une tenue “décente”. Les réglementations écrites que l’on trouve dans les carnets de correspondances, par exemple, sont relativement floues face à ce type d’interdiction et de recommandation en réalité. »

Et preuve que le sujet anime toujours les débats, la première dame, Brigitte Macron, s’est dite, récemment, favorable au port de l’uniforme à l’école. L’exposition, elle, est à voir jusqu’en mars 2024.

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