Reportage France

La Française Manon Fiorot veut briller à l'UFC Paris pour devenir «une représentante du MMA»

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L'UFC, la plus grande organisation mondiale de MMA (arts martiaux mixtes) revient en France ce samedi 2 septembre pour la deuxième édition de l’UFC Paris. Si la Française Manon Fiorot, en sa qualité de numéro deux du classement des moins de 57 kilos, combattra juste avant Ciryl Gane, elle cherche encore à se faire un nom dans son pays. Une victoire contre la star Rose Namajunas à Bercy lui ouvrirait les portes d'un combat pour le titre mondial.

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Manon Fiorot, le combat d’une vie
Manon Fiorot, le combat d’une vie © RFI
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Loin du cliché des grandes salles d’entraînement américaines aux allures d'usines, Manon Fiorot a fait le choix du cœur et de l’intimité niçoise. Rendez-vous dans le sud de la France, au nord-ouest d’une des villes les plus ensoleillées de France. Au troisième étage d’une petite tour est inscrit en grand sur la devanture « Boxing Squad ». L’entrée est tapissée de posters de MMA signés par des combattants professionnels.

Au fond de la salle, l’octogone noir fait face à la rangée de tatamis gris. C’est ici que Fiorot a appris, poli et perfectionné son MMA. Avec son ensemble estampillé UFC, difficile de ne pas s’apercevoir de son arrivée dans la salle. Le temps s’arrête, les pratiquants la saluent. L’entraînement de « The Beast » peut désormais commencer.

Dès les premières minutes, l’intensité monte d’un cran : séquence de boxe anglaise sur une minute, puis un travail en lutte, le tout à répéter trois fois. Aldric Cassata, son entraîneur, manager et mari, mène la danse. Miguel Haro, lui, combattant de MMA professionnel, sert de cobaye à la Niçoise. En tant que coéquipier, il la voit se rapprocher progressivement de son but ultime : « Pour tout combattant de MMA, le rêve, c'est d’être champion un jour à l’UFC, explique le sparring partner. Manon est à moins de deux combats de ça, j’espère vraiment qu’elle va réussir. »

La Niçoise est actuellement classée deuxième de la catégorie des moins de 57 kilos, à deux combats d’être titrée à l’UFC. Le Graal n'a jamais semblé aussi proche. Et sera décroché à coup sûr, à en croire les mots de Jean-Robert Monier, le coach de lutte de la Française. « Ses deux points forts ? Son mental et son physique, détaille-t-il. C’est une athlète très complète et aujourd’hui, elle fait logiquement partie des toutes meilleures. »

Elle a très vite révélé un talent inné pour les sports de combat : « J’ai commencé d’abord par le karaté à l’âge de sept ans, se remémore Manon Fiorot, aux abords de son octogone d'entraînement. J’ai découvert sur le tard le MMA, je suis d’abord passée par le kick-boxing, la boxe thaï. J’ai entendu parler de la création d’une équipe de France de MMA en 2016. J’ai participé à mes premiers championnats du monde amateurs en 2016 et c’est comme ça que je me suis spécialisée. »

Bien sûr qu’il y aura de la pression, combattre chez moi, devant ma famille, mon équipe...

Sept ans plus tard, la Niçoise de 33 ans s’est fait un nom à l’UFC. Lors de la venue de l'organisation américaine à Paris, Manon Fiorot aura l’occasion de marquer le coup face à une légende, l’Américaine Rose Namajunas, ancienne championne de la catégorie inférieure et star incontestée du MMA féminin. Une adversaire aussi redoutable dans la cage qu’idéale pour se faire connaître.

« Rose, c’est une très grande combattante, c’est une des plus anciennes combattantes sur le circuit. Elle a remporté la ceinture plusieurs fois, savoure la combattante française, sourire aux lèvres. Elle est très connue par le public, plus de deux millions d’abonnés sur Instagram. » De la pression avant le grand soir à Bercy ? Évidemment : « Bien sûr qu’il y aura de la pression, combattre chez moi, devant ma famille, mon équipe qui fera le déplacement. C’est comme un combat pour le titre. En tout cas, c’est un bon premier test ! »

Une médiatisation insuffisante ?

Les deux ventilateurs placés aux extrémités tournent à plein régime pour rafraîchir la salle et les combattants. Aldric Cassata continue de hausser la voix et passe ses consignes sous l’œil attentif de sa combattante. Perfectionniste, il finit par exulter lorsque sa protégée effectue un balayage pour contrer son vis-à-vis.

Jamais il n’avait été aussi satisfait par la préparation de sa combattante : « Le message, c'est de prendre cette ceinture en 2024. Manon est la meilleure de la catégorie, on le dit depuis deux ans, maintenant, il faut le prouver », affirme Aldric Cassata, casquette vissée sur la tête.

Être la meilleure pour se faire connaître, car Manon Fiorot manque de lumière dans son propre pays, plus captivé par la carrière de Ciryl Gane. Pourtant, c'est bien la Niçoise qui présente le plus de chances de décrocher un titre : « Actuellement, Manon est plus connue à l’international que par le public français, analyse Cassata. Le MMA est un sport de l’instant. Les gens ne se souviennent que de ce qu’ils voient. Même si elle est bien classée à l’UFC, elle n’avait pas participé au premier UFC Paris. C'est important qu’elle y soit cette année. »

Le but n’est pas que Manon prenne la place de Ciryl Gane.

Invaincue à l’UFC, où elle n'avait pas non plus perdu le moindre round avant son dernier combat, Manon Fiorot n’a pas pu démontrer l’étendue de son talent lors de ses dernières sorties. En cause : le Covid en 2021 puis une blessure grave contractée au genou pendant son duel à l’automne dernier face à l’Américaine Kathlyn Chookagian.

Il faudra donc gagner avec la manière pour se faire une place dans le paysage du MMA français. « Pour l’instant, Ciryl est devant moi, il a détenu une ceinture intérimaire à l’UFC, il a déjà combattu deux fois pour le titre, moi je n’ai pas encore eu ma chance. C’est plutôt logique qu’il soit le fer de lance. C’est à moi de prouver », glisse froidement Manon Fiorot. « Le but n’est pas que Manon lui prenne sa place de porte-drapeau, complète son coach. Plutôt qu’elle arrive à renforcer sa position pour devenir une représentante du MMA global et non pas que féminin. »

Fin de séance en début de soirée, exténuée, Manon Fiorot part rapidement se changer pendant que plusieurs combattants amateurs s’équipent pour entrer en piste. Pas de temps à perdre pour l’équipe de la Niçoise, direction le massage. Avant de quitter la salle, la combattante se laisse aller à quelques prédictions sur son avenir : « Déjà une belle victoire à Paris, un K.O, faire le show. Ensuite, aller chercher cette ceinture et que des victoires ! », annonce la Française dans un grand éclat de rire. Peut-être la recette du succès.

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