Reportage France

À Aubervilliers, l'association caritative des Restos du cœur en difficulté

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En France, on assiste à un élan de mobilisation pour répondre à l'appel de détresse des Restos du cœur. Cette association caritative assure plus du tiers de l'aide alimentaire dans le pays et elle est au bord de la faillite. En 2022, l'ONG a distribué 142 millions de repas. Elle en est déjà cette année à plus de 170 millions. Les besoins augmentent, mais pas les ressources. Les Restos du cœur souffrent notamment de l'inflation des prix.

Des bénévoles préparent des paquets de nourriture lors du lancement de la 38e campagne hivernale des Restos du cœur, en novembre 2022.
Des bénévoles préparent des paquets de nourriture lors du lancement de la 38e campagne hivernale des Restos du cœur, en novembre 2022. © BERTRAND GUAY / AFP
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Zakia Youssef distribue les denrées. Parmi les plus précieuses du local, les produits pour bébé. Cette dynamique quinquagénaire est bénévole depuis quatre ans à Aubervilliers : « Il y a de plus en plus de monde et on a de moins en moins de choses à leur proposer, comme le lait du troisième âge. On en a moins. Quand il n'y en a pas, ils sont en détresse, ils ne savent pas quoi faire. Comment gérer ça ? Vers où se retourner s'il n'y a pas d'autres associations ? »

En un an, rien qu'à Aubervilliers, le nombre d'inscrits est passé de 900 à 1000. Pour faire face à ses difficultés, l'association caritative va devoir modifier ses critères d'accès aux distributions. Zakia redoute les conséquences. « Il y aura beaucoup de monde qui va sauter, on va dire. Ils ne pourront plus venir vers mi-octobre. On en parle entre nous et ça nous inquiète. »

Une situation très compliquée pour l'association

Rayer des familles des listes, un crève-cœur. Mais si rien n'est fait, l'association évoque une possible fermeture d'ici à trois ans. Ce serait dramatique selon Yamina Bouadou, la responsable de l'antenne d'Aubervilliers.au contact chaque jour des bénéficiaires. « On a des gens qui comptent sur nous, qui n’attendent que les aides des restos. Quand on ferme pour un mois de vacances, les gens se posent des questions. On ouvre quand on a des femmes seules bien sûr, des étudiants, des retraités. »

Pour comprendre l'importance de ce coup de pouce, il suffit d'observer Kahina ranger ses courses comme un trésor. C'est la première fois que cette mère de famille de 37 ans bénéficie de l'aide des Restos du cœur. « C'est bon, c'est très joli. C'est mon mari qui travaille. On a besoin de payer notre loyer. On achète des fruits, des légumes, du yaourt pour les enfants, c'est obligé. On ne mange que ce qu'il y a dans la maison. »

Maryline Mendes, elle, est une habituée. Des bénévoles la saluent, prennent des nouvelles de son fils, mais surtout de sa grand-mère. C'est pour elle que la jeune femme est là, pour récupérer ses courses. « Elle n'a aucun revenu et les Restos du cœur l'aident à manger au quotidien. J'ai dit à ma grand-mère qu'elle n'allait peut-être plus avoir l'aide des Restos du cœur. Comme elle est très croyante, elle m'a dit "j'espère que Dieu va nous aider". »

Pour l'heure, l'association s'en remet à la solidarité. Depuis le cri d'alarme de son président lundi, les dons d'entreprises comme de particuliers affluent.

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