Reportage France

La littérature bouge avec son temps au Salon du livre jeunesse à Montreuil

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C’est le rendez-vous annuel des enfants, des ados, et de celles et ceux qui leur racontent des histoires et leur font découvrir le monde, le Salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil. La littérature jeunesse bouge avec son temps. Elle a beaucoup évolué, en laissant une plus grande place aux sujets de société, tels que les questions d'identité, de genre, d'orientation sexuelle, de modèle familial ou encore de consentement.

«Je ne suis pas le doudou de mon papa» d'Elisabeth Brami et Sylvie Serprix, présent au Salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil, parle de l'inceste vécu par un petit garçon.
«Je ne suis pas le doudou de mon papa» d'Elisabeth Brami et Sylvie Serprix, présent au Salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil, parle de l'inceste vécu par un petit garçon. © Éditions Talents Hauts
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Je ne suis pas le doudou de mon papa, c'est le titre de ce livre sur l'inceste et destiné aux enfants de 8 à 12 ans. Il raconte l'histoire d'un petit garçon qui subit la nuit les agressions sexuelles de son père. 

« Quand on a reçu le manuscrit de "Je ne suis pas le doudou de mon papa", on s'est posé la question de savoir si c'était adapté aux enfants. Rapidement, on s'est rendu compte que celles et ceux qui avaient des prénotions vis-à-vis de ce roman, c'était les adultes, pas les enfants. Les enfants, ils n'ont aucun problème à lire des livres sur des sujets difficiles, tabous. Quand ils ont peur, ils n'ont aucun problème à fermer le livre, à aller chercher un adulte ou une adulte pour en discuter. On est parti du principe chez Talent Haut que, tant que l'auteur ou l'autrice portait son sujet de façon intelligente, avec finesse, tact et délicatesse, il n'y avait pas de problème à parler de tous les sujets de société de façon générale », explique Justine Haré, des éditions Talents Hauts.

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L'écriture d'Elisabeth Brami est délicate et les illustrations de Sylvie Serprix sont d'une grande pudeur. L'éditrice Justine Haré s'arrête sur un dessin. On y voit la main d'un adulte sur la poignée de porte d'une chambre, celle du petit garçon abusé par son père. 

« On voit sur le verrou de la porte, en fait, au lieu d'être une forme de clé, on a un enfant en position fœtale, recroquevillé sur lui-même, qui dit bien toute la douleur et toute la solitude de cet enfant », présente l'éditrice.

Des sujets déjà présents dans la littérature jeunesse

Le livre aborde la question de l'inceste frontalement, mais les sujets graves ont toujours été présents dans la littérature enfantine.

« Si on veut se placer du côté des histoires de fées, on peut penser à "Peau d'Âne". On est au 17ᵉ siècle et on parle de l'inceste, le père de Peau d'Âne veut épouser sa fille. » La main posée sur une pile de livres, Marianne Zuzula est à la tête de la pétillante maison d'édition La ville brûle. Elle explique que la littérature jeunesse a beaucoup évolué. 

« La littérature jeunesse, elle est comme toutes les littératures, elle suit l'évolution de l'histoire des idées. En France, c'est assez particulier, on a vraiment une littérature jeunesse très audacieuse qui prend beaucoup de risques. Je pense que c'est lié au fait que nous avons des réseaux de librairies indépendantes, et il y a beaucoup d'éducation à la littérature jeunesse dans ce pays. Ce n'est pas le cas dans d'autres pays, y compris très proche de nous, où ils vont être beaucoup plus classiques et frileux », précise Marianne Zuzula.

On quitte le salon avec le livre Ma maman est bizarre. Il s'agit d'une mère qui élève seule sa petite fille, un autre sujet de société au catalogue de cette éditrice.

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