Reportage France

À la manufacture des Gobelins, la tapisserie des JO 2024 confectionnée par deux licières

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En parallèle de la compétition sportive, la programmation culturelle des Jeux olympiques de Paris se prépare elle aussi. Une tapisserie monumentale, en laine, dessinée par l'artiste franco-iranienne Marjane Satrapi, est tissée en ce moment même dans deux des plus vieilles manufactures du pays. L'occasion de mettre en lumière un artisanat vieux de plusieurs siècles. À Paris, la tapisserie centrale est confectionnée, c'est la pièce la plus vaste de la composition.

La façade de la manufacture des Gobelins à Paris. (Image d'illustration)
La façade de la manufacture des Gobelins à Paris. (Image d'illustration) © AFP - PIERRE VERDY
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Cachée derrière une pluie de fils qui semblent tomber du plafond, les dix doigts d'Alexiane s'activent tout en souplesse comme une joueuse de harpe. Elle n'est pas musicienne, mais licière.

« Je fais de la tapisserie contemporaine. Ce que j'ai dans la main s'appelle une broche, c'est un bâton de bois entouré de laine. Et c'est avec ça que je viens tisser mon motif en face de moi. J'ai de la chaîne, donc des fils qui sont montés sur un métier à tisser et je viens passer mon bâton de bois entre les fils de chaîne pour créer mon motif. Vulgairement, c'est comme du Tetris. Ce n'est pas linéaire, ce sont vraiment des formes qui se reposent les unes sur les autres », explique Alexiane.

Dans cet atelier, elles sont deux licières à travailler sur cet ouvrage depuis octobre 2021, et il ne leur reste plus que quelques centimètres pour le terminer. Un métier qui demande du temps et de la concentration car, difficulté supplémentaire, les motifs s'assemblent à l'envers.

Des tapisseries grand format

« Je vois l'avant grâce à des miroirs qui sont de l'autre côté des fils de chaîne. Et derrière moi, il y a le modèle à tisser à grande échelle. Je suis toujours en train de regarder derrière moi, de tisser et de regarder à travers les fils dans mon miroir, pour regarder le résultat, précise la licière. Le motif central de la tapisserie des Jeux olympiques, ça représente un homme et une femme, l'un en face de l'autre, et au milieu, la flamme olympique. L'arche de la tour Eiffel est au-dessus, on a une espèce d'horizon avec les monuments parisiens et la mappemonde en bas. C'est majoritairement très bleu, avec les couleurs des Jeux olympiques. »

Une œuvre contemporaine, loin des tapisseries de château. C'est l'occasion pour Alexiane, du haut de ses 28 ans, de dépoussiérer cet artisanat largement méconnu.

« C'est un projet qui permet de remettre au goût du jour ces savoir-faire qu'on oublie un peu. J'aime le rapport à cette matière-là, à la laine, et surtout qu'on arrive à retranscrire des effets de peinture avec de la laine. C'est quand même assez fou, ça rend encore plus intéressant le grain, les effets de couleur. Nos tapisseries, elles font trois mètres sur quatre mètres, donc c'est intéressant de faire du grand, et pas de faire des choses toutes petites », note Alexiane.

Le triptyque s'étalera sur neuf mètres de large et trois mètres de haut. Reste à savoir dans quels lieux de rencontre des Jeux seront exposés ces 60 kg de laine.

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