Le 11 décembre 2018, Cherif Chekatt, un délinquant multirécidiviste fiché S pour radicalisation islamiste, pénétrait dans le centre historique de Strasbourg pendant le traditionnel marché de Noël. Armé d’un couteau et d’un revolver, l’homme avait déambulé dans les rues, tuant au hasard cinq hommes et blessant onze autres personnes. Cinq ans après cet attentat et suite au relèvement de l’alerte attentat sur l'ensemble du territoire national, le marché de Noël de la capitale alsacienne s’est ouvert le 24 novembre dernier sous haute surveillance
Sur le pont Saint-Thomas, comme à tous les points d’accès à la Grande île, le centre historique de Strasbourg où se tient le marché de Noël, les sacs et bagages sont inspectés par des agents de sécurité, parfois accompagnés de policiers. À quelques pas de là, dans le quartier très touristique de la Petite France, les visiteurs déambulent d’un chalet à l’autre sans difficulté, comme le constate Thierry, derrière son stand de pain d’épices. « Ce qui est bien, c'est que les chalets ont été espacés et qu’ils ont été répartis sur différentes places. En plus, il y a beaucoup plus de patrouilles militaires. Donc, je pense qu’ils ont fait le maximum pour sécuriser ».
Des effectifs militaires multipliés par trois
Les effectifs militaires ont en effet été multipliés par trois cette année. Au total, ce sont donc plus de 1 000 agents de l’État qui sont mobilisés quotidiennement pour assurer la sécurité des visiteurs. Autre nouveauté, deux drones survolent en permanence la Grande île, ainsi que ses voies d’accès. Une mesure qui vient s’ajouter à la vidéosurveillance. Avec pour mission de déceler plus rapidement les mouvements anormaux de foule et de mieux coordonner l’intervention des forces de l’ordre sur le terrain.
Enfin, pour les commerçants qui le souhaitent, la police nationale et la préfecture du Bas-Rhin, en coopération avec la Chambre de commerce et de l’industrie d’Alsace, ont mis en place le dispositif « Vigicommerces ». Responsable d’une boutique de chocolats située rue des Orfèvres – l’une des plus fréquentées pendant les fêtes, mais aussi l’endroit où sont tombées les premières victimes de l’attentat en 2018 - Alexandra nous décrit le fonctionnement de ce nouveau dispositif. « On reçoit un SMS ou un message WhatsApp sur notre téléphone, notre ordi ou la tablette du magasin qui nous prévient de tout incident sur Strasbourg immédiatement. Ça peut être un attentat, une alerte à la bombe, une personne qui divague avec un couteau… »
« On veut continuer à vivre normalement »
Ce dispositif doit notamment permettre aux commerçants de mettre leurs clients et leurs employés à l’abri en cas de danger. Autant de mesures de sécurité qui rassurent commerçants et visiteurs. Pourtant, ces derniers restent dubitatifs quant à leur réelle efficacité sur le marché de Noël le plus fréquenté d’Europe. « Pour avoir fait huit fois le marché de Noël depuis le début, on m’a contrôlé une fois le sac à dos alors qu’il est assez volumineux. J’aurais bien voulu un peu plus de sécurité de ce point de vue-là », raconte Rémi, un étudiant strasbourgeois. « Il y a vraiment beaucoup de monde, donc je doute que les forces de l’ordre puissent empêcher quoi que ce soit, mais j’imagine que ça leur permet d’intervenir rapidement en cas de besoin… » ajoute Caroline, une touriste américaine. Malgré tout, les touristes sont au rendez-vous, à l’image de Juan, venu d’Espagne en famille. « On a conscience qu’il y a un risque attentat, mais on veut continuer à vivre normalement, donc on est là », dit-il.
Les premiers week-ends du marché de Noël de Strasbourg ont d’ailleurs été marqués par une forte affluence. Trois millions de visiteurs sont attendus jusqu'au 24 décembre, soit 200 000 de plus qu’en 2022.
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