À Marseille, les commandos anti-Airbnb franchissent un cap dans la protestation
Publié le :
À Marseille, la tension se cristallise autour des locations Airbnb, très présentes dans certains quartiers, comme celui du Panier. Récemment, un « commando » anti-Airbnb a dégradé des boîtes à clé pour protester contre les gros propriétaires qui font grimper les loyers.

Dans le quartier du Panier, près du Vieux-Port, des touristes de toutes nationalités déambulent et profitent du charme des rues étroites, des longues fresques colorées et des plantes tombant des balcons…
« C’est un très joli quartier ! ». Lucile et son amie sont venues passer le week-end et apprécient leur balade. Même si tout leur semble un peu figé. « Est-ce qu’il y a encore des vrais habitants marseillais qui sont dans ce quartier, ou est-ce que la plupart des appartements sont des Airbnb ? Nous, on a réservé, justement par Airbnb, et il y avait beaucoup, beaucoup de choix sur le Panier. Mais j’ai l’impression que ça reste un quartier qui continue de vivre avec ses habitants et qui n’est pas que touristique », nous confie-t-elle.
Des locaux contraints face à l'augmentation des charges
Robert, 73 ans, habite le quartier depuis 16 ans et n’est pas tout à fait de cet avis : « Le quartier perd son âme, c’était très familial, et ça s’est en train de disparaître. C’est un petit peu triste. »
Au-delà de l’atmosphère, les conséquences sur le logement sont considérables pour le quartier. Le nombre d'Airbnb a augmenté de 20% en un an. Et le prix du m2 a augmenté de 15% en deux ans. « Pour l’instant, j'ai de la chance d’être avec une propriétaire qui est adorable, et qui me permet de vivre ici. Mais par exemple, le loyer de mon atelier, je suis artiste-peintre, a presque doublé en deux ans. Je suis obligé de quitter mon atelier parce que je ne peux pas assumer les charges » déplore Robert.
À lire aussiAirbnb: les prix en hausse à cause de l'augmentation de la demande
Pour protester contre cette situation, un collectif a récemment kidnappé 40 boîtes à clés et en a dégradé 21 autres. Le collectif réclame l’interdiction des locations touristiques pour permettre aux locaux de se loger. Sandrine habite dans le Panier depuis 1997 et a déjà sous-loué son appartement, mais hors Airbnb : « Je l’ai fait donc je ne peux pas jeter la pierre, mais il faut que tout le monde se raisonne. Moi, chaque fois que j’ai loué, j’ai fait attention : j’ai loué trois étés au même couple avec leur enfant. »
« Ça se professionnalise ! »
Dans le quartier, on ne proteste pas contre les propriétaires-habitants qui sous-louent occasionnellement pour mettre du beurre dans les épinards, mais contre ceux qui en font un business, comme le voisin de Sandrine. « Ce sont des propriétaires qui n’habitent pas à Marseille, explique-t-elle, donc en fait, ils sont loin des problèmes que ça peut créer. On ne les connaît pas, ce sont des gens qui ont acheté des appartements pour faire de la location saisonnière, ils se répartissent après les bénéfices de ces locations… Ça se professionnalise ! »
Selon Patrick Amico, adjoint au maire en charge du logement, 3 000 logements neufs ont été construits en 2022. Sur la même période, 1 500 logements sont sortis du marché au profit des plateformes de location saisonnière. De quoi inquiéter les locaux, alors que Marseille attend deux millions de touristes pour les Jeux olympiques.
À lire aussiLe Portugal serre la vis sur les locations Airbnb
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne