Consommation: le marché du halal se porte plutôt bien face à l'inflation
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Mois sacré pour les musulmans, le ramadan a lieu cette année dans un contexte morose pour beaucoup de croyants, en raison de la guerre à Gaza. Cela reste néanmoins une période de partage et de moments passés en famille autour du repas de rupture du jeûne, au coucher du soleil. En France, le ramadan coïncide ainsi avec un pic de consommation pour les produits halal, c'est-à-dire conformes au rite musulman. Un business en forte croissance ces dernières années pour les industriels et une activité économique qui se porte plutôt bien malgré l'inflation.

Des chariots en métal remplis de poulets et de dindes bientôt marinés, broyés, cuits et tranchés. Nous sommes près de Bourg-en-Bresse, dans l'une des usines de l'entreprise Isla Délice : « Là, on est dans l'atelier de fabrication, c'est l'atelier où on réceptionne les matières premières et c'est là qu'on fait la recette du jambon », nous indique-t-on lors de la visite de l'usine.
Du jambon de dinde, ou encore du saucisson de bœuf. Car ici, pas de porc, explique Victoire Loiseau, responsable de production à l'usine : « Tous nos ingrédients sont certifiés halal. »
Isla délice, 300 salariés, est leader de la charcuterie halal en France. La viande transformée ici a été abattue selon les rites musulmans, sous le contrôle de la grande mosquée de Lyon, qui est payée pour certifier la production de cet industriel.

Un cinquième du chiffre d'affaires de l'année pendant le ramadan
Ces dernières semaines, les salariés de l'usine ont travaillé plus que d'habitude pour répondre aux commandes de ramadan, explique Éric Fauchon, le patron d'Isla Délice : « On a une augmentation de la production de l'ordre de 60% à 70% pendant deux à trois semaines. C'est le moment fort d'activité. Après, on revient sur des rythmes normaux, donc l'année ne se joue pas sur le ramadan. »
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Ce pic d'activité représente tout de même un cinquième du chiffre d'affaires de l'année pour l'entreprise. Comme le reste de l'agroalimentaire, cet industriel n'échappe pas aux effets de l'inflation liée à la guerre en Ukraine. Sa croissance sera plus faible que d'habitude :
« On espère croitre de l'ordre de 6% cette année », souligne Éric Fauchon. « Que ce soit les volailles ou le bœuf, les prix ont flambé, ont augmenté de l'ordre de 50 à 60%, donc ça a une répercussion sur les prix. Le marché, ces derniers mois, a eu tendance à ralentir pour la première fois depuis très longtemps. À court terme, l'inflation nous touche beaucoup, parce qu'on est [dans le secteur] de la viande et parce que nos consommateurs ont des revenus un peu plus faibles que les ménages français moyens. »

Renouer avec une croissance à deux chiffres ?
Les prix augmentent moins vite ces derniers mois, alors le secteur espère renouer rapidement avec une croissance à deux chiffres.
« Sur la dernière année, les volumes de vente de produits halal baissent dans les mêmes proportions que la consommation alimentaire en général. Le marché va très bien quand on le regarde sur une tendance un peu longue », analyse Emily Mayer, du cabinet de conseil Circana. « Les cinq dernières années, le chiffre d'affaires a progressé de quasiment 60%, donc c'est un marché qui est bien plus dynamique que la consommation en général dans la grande distribution en France. »
Plus dynamique et aussi plus développé que dans d'autres pays européens. Mais le halal reste un marché de niche, avec moins de 1% des ventes des supermarchés français.
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