Élections européennes: le persistant désintérêt des jeunes pour ce scrutin
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À chaque échéance européenne, les 18-24 ans sont ceux qui s'abstiennent le plus. Et même si en 2019 ils avaient plus participé, notamment en raison du Brexit et des enjeux écologiques, le désamour des jeunes pour les élections européennes est toujours là.

« Les gens qui se présentent, leurs idées, on ne les connaît pas du tout. Le président de l'Union européenne, personne ne le connaît. Je ne connaissais même pas les dates avant que vous me disiez. Je vais paraître bête, mais il faut aller où ? ». Alia connaît mal l'Europe. Résultat, à 18 ans, elle n'a pas prévu de voter le 9 juin prochain. « C'est dommage, parce qu'ils prennent des décisions mondiales et on ne les connaît pas, enfin, on connaît juste à notre petite échelle ».
Une mauvaise connaissance du système européen qui éloigne les jeunes des urnes. En 2019, lors des précédentes élections, comme Alia, ils étaient près de 70% à se considérer mal informés. « En participant, on pourrait aussi un peu agir », annonce Chanan, étudiant en licence de philosophie. Lui non plus n'a pas prévu de voter. « On a l'impression que, étant donné qu'on est éloignés, c'est que le cercle de ceux qui sont au courant qui peut penser à notre place ».
Un manque d'éducation civique
La faute à la complexité de l'Union européenne ? C'est en tout cas ce que regrette le politologue Dorian Dreuil, spécialiste de l'abstention chez les jeunes. « On peut regretter qu'il n'y ait pas plus de cours d'éducation civique et morale qui, justement, expliquent ce fonctionnement institutionnel ».
Le manque de pédagogie peut-être l'une des raisons du désamour des 18-24 ans pour le scrutin européen. « On a du mal à se figurer l'impact du travail du Parlement européen dans le quotidien. Comment est-ce que le Parlement européen fait de la politique ou fonctionne ? C'est l'éloignement symbolique. L'Union européenne, elle est partout dans nos vies. On ne l'aperçoit juste pas tout le temps ou pas assez », ajoute Dorian Dreuil.
L'Europe trop discrète, l'Europe trop complexe, l'Europe trop éloignée des jeunes... L'association Les Jeunes Européens tente de répondre à tous ces problèmes avec un concept choc, un journal fictif qui imagine un monde sans Europe. « Le 10 juin, l'Europe se réveille, personne n'a été voter. Il y a un désintérêt tellement fort qu'on dit : l'Europe, ça y est, on arrête, ça ne sert à rien. On essaie de se demander ce qu'il se passe si l'Europe s'arrête, avec une Une avec la carte de l'Europe avec marqué "the end". Du coup, c'est un journal qui rassemble plusieurs faux articles un peu dystopiques sur les conséquences économiques, explique Laure Niclot, présidente de l'association. On a aussi des fausses interviews de jeunes, de ce que ça a comme conséquences, sur le climat aussi. D'autant plus que le climat touche toute une jeunesse qui est très engagée, mais qui n'a pas forcément conscience des enjeux européens ».
Le monde (sans l'Europe), c'est 15 pages imprimées à plus de 2500 exemplaires et largement diffusées sur les réseaux sociaux, avec à la fin, après la fiction, toute une page pédagogique.
« Tu as lu le journal, tu es convaincu qu'il faut aller voter, donc tu peux découper tes petits bons pour aller voter aux élections européennes, faire une procuration et s'inscrire sur les listes », ajoute Laure Niclot.
Et autour du journal, un drapeau européen au fond d'une grotte avec écrit, « ne me laissez pas disparaître, votez » pour pousser les jeunes vers l'isoloir.
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