Des artilleurs ukrainiens formés aux canons Caesar en France
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Quarante-cinq artilleurs ukrainiens étaient en France pour apprendre le maniement du canon français Caesar et leur formation a pris fin le week-end dernier. Alors que Paris dans le cadre de la coalition « Artillerie pour l'Ukraine » a déjà livré depuis janvier six canons automoteurs Caesar à Kiev et assure pouvoir en produire 72 autres dans l'année, l'armée française se met en ordre de marche pour former les soldats de Kiev au cours d'une formation expresse de quinze jours seulement.

Le son du canon qui résonne sur le plateau calcaire du plus vaste camp militaire français. Dans ce décor aride, l'implacable capitaine Marc, chronomètre à la main, n'offre pas une minute de répit aux apprentis artilleurs. Le canon Caesar monté sur roue, bouge et tire vite, c'est la condition de la survie des artilleurs sur le front.
« Chaque seconde qu'il passe sur la position de tir, c'est chaque seconde où ils peuvent se prendre un obus ennemi. Le délai pour un tir de contrebatterie actuellement sur le front [se situe] entre trois et quatre minutes », indique le capitaine Marc. « Vous avez vu la rapidité du Caesar ? Ça permet de tirer avant même que les obus aient atteint le sol. Ils ont déjà quitté leur position. »
Premier coup pour régler la hausse et l'allonge, puis le Caesar peut délivrer six obus à la minute avant de filer se mettre à couvert. « C'est pour ça que le Caesar est formidable en termes de capacité de mouvements », insiste le lieutenant Alexis. « À partir du moment où on a tiré le dernier coup, l'obus n'est pas encore tombé que le Caesar peut déjà être reparti. »
Formation expresse de 15 jours
Cinq artilleurs pour un canon : un chef de pièce, un pointeur, deux artificiers, un pilote... et quasiment un formateur français pour chaque soldat ukrainien. Une formation expresse de 15 jours et ça marche, dit le général Jean-Michel Guilloton, chef de la coalition Artillerie pour l'Ukraine.
« L'armée ukrainienne, en volume, c'est la première armée européenne et c'est une armée déployée au combat depuis deux ans. Ce sont des gens qui connaissent leur métier et s'ils donnent leurs artilleurs à former en 15 jours, c'est qu'ils estiment que c'est suffisant », explique-t-il.
« Personnellement, je trouve qu'en 15 jours, on a largement de quoi former le personnel au service de la pièce. Après le reste viendra avec l'expérience en déploiement opérationnel. On leur donne ce premier vernis de compétence qui sera complété, j'imagine, sous responsabilité directe de l'armée ukrainienne », ajoute le général Jean-Michel Guilloton.
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400 artilleurs déjà formés
Pour raison de sécurité, aucun de ces soldats n'est autorisé à parler. Mais ils en veulent, disent les officiers français.
« La première chose qui nous a frappé, c'est qu'ils étaient très investis, très concentrés. Dans un premier temps, ils étaient assez graves, mais très investis dans leur formation » dit l'un d'eux. « Ils sont déjà expérimentés pour la plupart. Ils connaissent donc on n'a pas besoin de commencer au niveau zéro et c'est agréable puisque la formation va beaucoup plus vite », ajoute un autre.
La France a déjà formé près de 400 artilleurs ukrainiens, et formera dès septembre et sur le temps long des officiers d'artillerie.
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