Reportage France

Les Jeux olympiques, un terrain de jeu très sérieux pour les scientifiques

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À Paris, pendant les JO, il y a les athlètes, il y a les organisateurs, il y a les touristes et... il y a une équipe de scientifiques de l’Institut Pasteur, la Cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU), particulièrement mobilisée pour analyser les microbes qui pourraient jouer les trouble-fêtes.

La façade de l'Institut Pasteur dans le XVᵉ arrondissement de Paris.
La façade de l'Institut Pasteur dans le XVᵉ arrondissement de Paris. © Bertrand Guay / AFP
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Quinze millions de visiteurs attendus pendant les Jeux olympiques et un brassage en provenance des quatre coins du monde apportent, bien sûr, leur enthousiasme, mais peut-être aussi des virus ou des bactéries, pouvant causer, par exemple, une épidémie. Ces microbes, il faut rapidement les identifier. « Ces personnes viennent de différentes zones, donc peuvent apporter des virus ou des bactéries, par exemple, le virus de la dengue », explique Valérie Caro, la responsable du pôle Génotypage des pathogènes au sein de la Cellule d’intervention biologique d’urgence, la CIBU.

Le pôle joue un rôle clé pour éviter une épidémie : « Maintenant, on a le moustique capable de transmettre le virus présent sur tout le territoire. On est là pour signaler aussi tout début d'émergence de virus et de bactéries de plus haut risque, par exemple le virus de la fièvre de Lassa. Donc c'est important de pouvoir diagnostiquer ces virus pour la prise en charge des patients et éviter un foyer épidémique », poursuit la scientifique.

Une Cellule mobile capable de réagir à tout moment

La CIBU peut intervenir 24h/24, 7 j/7, à la demande des hôpitaux ou des autorités. Elle a été créée il y a un peu plus de 20 ans, après l’épisode des enveloppes contaminées à l’anthrax aux États-Unis, qui avait suivi les attentats du 11 septembre 2001. Elle met toutes ses compétences au service des JO, avec ses laboratoires très équipés (au sein de l’Institut Pasteur), dotés notamment de plusieurs séquenceurs. Elle dispose même d’un mini-laboratoire ultra-sécurisé, qui peut être déplacé sur le terrain. « Ça ressemble un peu à une grosse couveuse transparente en plastique et avec des montants en aluminium. Il y a des manchons. On met ses mains à l'intérieur avec des gants », raconte Anne Le Flèche, la responsable du pôle de l’Identification bactérienne. 

En vue des Jeux olympiques, la CIBU peut identifier une grande palette de virus : « On va faire les premières étapes d'extraction de matériel génétique, d'ADN ou d'ARN, du prélèvement qu'on vient de recevoir. Ça peut être du sang, ça peut être de l'urine, ça peut être du sérum, un peu de tout, explique Anne Le Flèche. Et ensuite, on va pouvoir faire des PCR multiplex, c'est-à-dire qu'on va détecter et identifier entre 25 et 40 bactéries, virus et parasites en un seul test, par exemple le chikungunya, le paludisme, la dengue. Et c'est ça qu'on a élargi pour les JO. »

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La CIBU s’est ainsi préparée en vue des Jeux olympiques. Mais les JO et le brassage de population qu’ils induisent vont aussi être l’occasion pour ces scientifiques de mener des recherches. Ils vont installer dans des lieux fermés, type bars, un appareil prélevant de l’air pour pouvoir ensuite l’analyser. « L'objectif de ce projet, c'est donc de connaître déjà la circulation des agents pathogènes, parce qu'on n'a pas une connaissance très fine de ce qui se passe dans l'air, détaille Valérie Caro, la responsable du pôle Génotypage des pathogènes, et puis après, éventuellement, mettre en place des outils de surveillance de ces agents. » Les JO seront donc aussi un terrain de jeu très sérieux pour ces scientifiques.

 

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