Reportage France

France: la lutte des scientifiques pour sauver l'abeille du Varroa destructor, son ennemi mortel

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Chaque hiver, en France comme dans le reste de l’Europe, 20 à 30% des colonies d’abeilles meurent, deux fois plus que la moyenne. Une surmortalité due directement ou indirectement aux activités humaines comme le changement climatique, l’utilisation de pesticides, mais aussi l’arrivée d’espèces invasives. L'ennemi numéro 1 s’appelle le Varroa Destructor. Venu d’Asie du Sud-Est dans les années 1980, il a désormais colonisé le monde entier.

L'acarien parasite Varroa sur une ruche, le mercredi 21 juin 2023, à College Park, dans l'État du Maryland, aux États-Unis.
L'acarien parasite Varroa sur une ruche, le mercredi 21 juin 2023, à College Park, dans l'État du Maryland, aux États-Unis. © Julio Cortez / AP
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Quelques coups de soufflet pour enfumer les abeilles, les engourdir. La ruche ouverte semble d'emblée en mauvais état aux spécialistes tel Benjamin Basso. « On voit déjà que la taille de la colonie est plus réduite, montre-t-il. On voit que les abeilles ne couvrent pas autant de cadres. Vous avez là une colonie qui a du mal à élever correctement ses abeilles. » Son travail est d'estimer le nombre d'abeilles par colonie et compter leurs parasites, les Varroas Destructor. À côté de lui, Fanny Mondet, spécialiste de l'abeille, chapeaute le projet à l'Inrae, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement.

« Tous ces petits points marron là, et si vous vous approchez, vous les voyez gigoter avec leurs pattes, ce sont des Varroas Destructor, montre-t-elle. Les varroas sont des acariens, la même famille que les poux qu'on peut avoir dans les cheveux quand on est enfant. Ce petit acarien se nourrit du sang des abeilles et ce faisant, il les affaiblit. Il transmet aussi des virus qui affaiblissent un peu plus les abeilles et qui peuvent conduire à la mort des individus et de la colonie. »

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À peine 2 ou 3% de varroa peuvent faire chuter la production de miel. Si l'apiculteur ne réagit pas, les varroas peuvent détruire une colonie en un mois seulement. L'ennui, c'est qu'ils commencent à être résistants aux traitements disponibles. Les chercheurs s'intéressent donc désormais à certaines abeilles capables de résister naturellement aux parasites. Elisa Pal tente de sélectionner ces abeilles au comportement dit hygiéniste, capables de détecter les alvéoles dont les larves sont infestées.

« Elle est venue commencer à manger la nymphe, décrit-elle Une fois qu'elle aura fini de tout manger, la cellule sera complètement nettoyée. C'est leur seul moyen de défense contre les pathogènes et les parasites, dont le Varroa. Il y aurait surtout des phéromones qui seraient impliquées dans ce comportement hygiénique. »

Objectif : isoler et répliquer ces phéromones, des molécules émises par les abeilles pour communiquer entre elles, pour de futurs traitements naturels. Il ne s'agit pas seulement d'assurer la production de miel, rappelle Thierry Caquet, directeur scientifique environnement à l'Inrae, mais d'assurer « le rôle essentiel, pour l'agriculture, de la pollinisation par les abeilles, notamment les abeilles domestiques. Ce rôle est fondamental, car sans elles, tout un ensemble de cultures ne pourront plus être réalisées sur notre territoire. »

D'après les experts apicoles de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, un tiers de la production alimentaire mondiale dépend des abeilles.

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