Reportage France

Des élus mahorais à Paris veulent se faire entendre sur la reconstruction de Mayotte

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Le projet de loi pour reconstruire Mayotte a été adopté à l’unanimité au Sénat mardi 4 février au soir et, ce jeudi 6 février, une proposition de loi est en débat sur le droit du sol à Mayotte. Une délégation d’élus, des présidents d’intercommunalités de Mayotte, s’est déplacée à Paris cette semaine : leur principal mot d’ordre, être associés à la reconstruction de leur île. 

Une délégation d’élus de Mayotte à Paris.
Une délégation d’élus de Mayotte à Paris. © Sylvie Koffi / RFI
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« Mayotte aujourd’hui est à terre. Mayotte aujourd’hui pleure. Nous avons perdu des vies. Nous avons tout perdu à Mayotte », dénonce Abassi Archadi, le président de la communauté de communes de Petite-Terre. L’élu revit chaque jour le passage de Chido, comme Assani Saindou Bamcolo, maire de Koungou. « J’ai vu un quartier — j’étais dans ma mairie — de bidonvilles, de tôles, et en l’espace de cinq minutes, il a été rasé. Et là-dessus, il faut apporter des solutions. Mais la solution, elle est où ? Les services de l’État ont de gros soucis à cause de problèmes de communication. Il y a eu aussi des vols, des pillages sur place, les cases qui sont démolies... Il fallait reconstruire tout de suite, en urgence. »

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Des solutions inadaptées à la réalité du terrain

Ils sont une dizaine de présidents des intercommunalités mahoraises à être venus parler à leurs homologues parlementaires, autrement dit, à ceux qui décident depuis Paris, sans toujours connaître les réalités du terrain. Le maire de Bandrélé, Ali Moussa Moussa Ben, donne un exemple : le gouvernement a lancé un appel à projet pour reconstruire Mayotte en faisant venir de métropole des modulaires, c’est-à-dire des habitations préfabriquées en kit. « C’est une solution qui n’est pas adaptée à la réalité parce que ces modulaires, quand ils arrivent chez nous, où est-ce qu’on va les construire, par rapport au problème de foncier qui se pose ?Ces modulaires, ce sont des solutions provisoires », déplore-t-il.  

Par contre, l’élu entrevoit une autre utilisation pour ces modulaires qui, elle, pourrait être utile : « Ces modulaires, moi, je les vois bien au niveau des équipements publics, parce qu’on a perdu beaucoup d’écoles qui ne sont plus en état de fonctionner. C’est une vraie solution. En revanche, s’agissant des logements des particuliers, ce n’est pas une bonne solution. Au lieu de faire venir des modulaires, il vaudrait mieux se poser la question de comment aider ces personnes-là pour reconstruire leur toit. Déjà, régler les problèmes d’urgence, en tout cas en matière de logement. »

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« Parler de "submersion", ce n’est pas ça qui nous aide actuellement. »

Et puis il y a l’épineuse question migratoire, omniprésente, qui s’invite au moment de la reconstruction avec une proposition de loi pour réformer le droit du sol sur l’archipel. « Ça fait quelques jours qu’on a retrouvé un semblant de vie chez nous. C’est un peu dommage qu’on insiste sur des sujets qui ne nous aident pas pour l’instant, opine Mikidache Houmadi, maire de Dzaoudzi-Labattoir. Ça, ce sont des sujets qui peuvent être traités dans la loi Mayotte. Mais dans cette loi d’urgence, nous avons besoin d’autre chose que de parler de "submersion" en matière d’immigration clandestine ou de droit du sol. Ce n’est pas ça qui nous aide actuellement. »

Lundi 10 février, le projet de loi pour la reconstruction de Mayotte passera en commission mixte paritaire.

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