Héritage des JO 2024: la biodiversité de la Seine en nette progression [9/10]
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Il y a un an, Paris vibrait au rythme des Jeux olympiques et paralympiques. Aujourd'hui, il est désormais possible de se baigner dans la Seine, et ce, depuis le 5 juillet dernier. La qualité de l’eau du fleuve est en bien meilleur état qu’il y a 50 ans. Depuis une dizaine d’années, de nombreuses espèces y sont revenues, comme la moule d’eau douce alors qu’elle avait disparu. Une biodiversité surveillée de près à Bougival, où se trouve la station de mesure du programme MeSeine.

Par Ellissar Mokadim
« Ne vous inquiétez pas, on ne va pas couler. » Depuis un ponton sur la berge, on accède à une cabane flottant sur la Seine. De ce laboratoire à ciel ouvert, des techniciens analysent la vie du fleuve et recensent les espèces de poissons. Selon Sabrina Guérin, directrice Innovation du Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne, la biodiversité progresse nettement depuis plusieurs décennies. « Dans les années 1970, on en comptait que 3-4 espèces alors qu’aujourd’hui, c’est multiplié par 10. On en compte 36 espèces de poissons différentes. » Le système d’assainissement a été modernisé depuis 50 ans, bien avant les Jeux olympiques. Cela a permis de recréer un milieu favorable pour les poissons.
Accroché à une poulie, un dispositif acoustique permet d’approfondir les connaissances des écosystèmes. Cet outil sort tout juste de l’eau. « Donc, vous avez ici le micro qui permet d’écouter sous l’eau. Cette nouvelle manière de suivre la qualité de l’eau non pas en termes de composition, en termes d’activité. » Ce micro peut même enregistrer le chant des poissons comme celui du gardon. Chaque son capté correspond à une espèce. Le paysage sonore de la Seine est constitué de chevaines, et de goujons : mais pas seulement, le technicien Robin Richoux a déjà eu quelques surprises. « C'est vrai que l'on a été surpris à quel point on pouvait entendre autre chose que les poissons. On entend aussi énormément les macro-invertébrés, des espèces qui sont en quantités énormes dans nos rivières. »
Le retour de ces poissons sensibles à la pollution témoigne de la diminution des toxines dans l’eau : comme le phosphore et les bactéries fécales. C’était l’un des objectifs fixés pour les Jeux olympiques. Mais il reste encore à éliminer les microplastiques et les pesticides, rappelle Vincent Rocher, directeur Délégué Innovation Stratégie Environnement du SIAAP. « Aujourd’hui, on va devoir traiter les micropolluants sur nos usines de traitement. » Des travaux ont été menés par les collectivités, notamment : sur les mauvais branchements des habitations et des péniches dans la Seine. Les industries contrôlent davantage leurs rejets. Mais pour l’écologue Vincent Vignon, la pollution agricole doit aussi s'améliorer : « C’est nettement plus de la moitié du bassin versant de la Seine qui est agricole. Ce sont des phosphates, des nitrates, des trucs qui tuent des insectes ou des plantes, donc ce n’est pas formidable ».
L’expert rappelle aussi la nécessité de renaturer les berges avec la création de zones humides ou la plantation d’arbres pour améliorer l’état écologique de la Seine. Les efforts réalisés pour l’assainir dans le cadre des Jeux olympiques ont permis le retour de certaines espèces. Mais des progrès restent à faire pour que le fleuve devienne un habitat durable pour la faune et la flore.
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