«L'examen gynécologique autrement», une mini-série pour les femmes et les professionnels de santé
Publié le :
En France, c'est encore un tabou, mais les récits de violence gynécologique émergent de plus en plus ces dernières années, sur les réseaux sociaux et auprès des professionnels. Pénétration par un spéculum sans avoir été prévenue, toucher vaginal non consenti, prélèvement sans aucune explication... Pour le Collège national des sages-femmes de France, ces violences ne sont plus tolérables. Elles ont lancé la semaine dernière une mini-série d'animation : L'examen gynécologique autrement. Six épisodes qui se veulent être une boussole pour les professionnels de santé et pour les femmes – l'objectif : rappeler des règles pour que l'examen gynécologique se passe bien.

« Le dépistage des violences est utile pour tout le monde et devrait être réalisé systématiquement. On n’examine pas une partie du corps sans questionner ce qu'il s'y est passé avant. » Dans le troisième épisode de la série, sur les images, on voit le dessin d'une femme au corps morcelé comme une vitre fracturée.
Elisabeth Iraola, sage-femme en charge du projet, explique les violences subies ne sont pas sans conséquence sur le déroulé de l'examen gynécologique : « Il peut y avoir une peur, il peut y avoir un évitement de l'examen gynécologique, il peut y avoir au moment de l'examen des réminiscences, il peut y avoir une dissociation traumatique qui rend possible l'examen. Le fait qu'une femme, finalement, détache son cerveau de son corps pour que ce moment-là puisse être plus acceptable quand elle a subi des violences et notamment des violences sexuelles. »
La notion de consentement est primordiale, une femme peut dire non et refuser l'examen pelvien. C'est l'objet de l'épisode suivant. « Le problème, c'est que dans le système de soins, on avait souvent la position du soignant sachant qui impose l'examen gynécologique ou, en tout cas, la prise en charge sans avoir vraiment cet échange-là, remarque Eléonore Bleuzen-Her, sage-femme et présidente du Collège national des sages-femmes de France. Et donc oui, ça passe sur l'instauration d'un traitement, mais ça passe aussi, justement : est-ce que c'est utile de faire cet examen ? Pourquoi cet examen ? Et peut-être que je n'ai pas envie de faire cet examen. »
Il est possible de proposer à la patiente des alternatives, par exemple différer l'examen, proposer une position différente, parler à la patiente de l’auto-insertion du spéculum.
L'auto-insertion du spéculum, instrument en métal en forme de long bec qui permet d'écarter les parois vaginales, peut surprendre. Lunettes, menton crayonné de barbe, Adrien Gantois, sage-femme, revient sur cette recommandation : « Disons que le rapport au corps, il est différent pour chacun. Le fait d'introduire un élément qui sert au diagnostic ou au dépistage, déjà, ça peut être très perturbant. D'ailleurs, on ne pose jamais la question aux hommes de ça. Ce serait intéressant de voir comment réagiraient les hommes en leur disant : "Voilà, potentiellement, il faudra qu'on mette quelque chose dans votre anus". Je pense que, de manière systématique, à chaque consultation, je peux vous dire qu'on a eu beaucoup de remarques et beaucoup de remises en question de la part des professionnels par rapport à ça. Mais bon, bref, l'idée c'est de se dire que, en effet, l'idée de pouvoir être actrice peut aider beaucoup de femmes à mieux se dépister et à être mieux prises en soin. »
Cette mini-série en bande dessinée ludique mais sérieuse s'adresse aux femmes, mais aussi aux professionnels de santé pour rendre l'examen gynécologique « utile, compris, consenti et bien vécu ».
► Regarder la mini-série sur YouTube :
Épisode 1 - L'examen gynécologique
Épisode 2 - Les gestes de base pour un examen respectueux
Épisode 3 - Dépister les violences avant l'examen
Épisode 4 - Dire non et l’entendre
Épisode 5 - Les positions alternatives
Épisode 6 - L’auto‑insertion du speculum
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne