Reportage international

Guerre en Ukraine: les enfants exilés psychologiquement affectés

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Les combats et l’exil sont sources de traumatismes et d’angoisse pour les enfants ukrainiens réfugiés dans d’autres pays. Environ 300 000 personnes ayant fui la guerre sont passées par la Slovaquie, pays voisin de l’Ukraine. À la frontière, les associations et l’État ont mis les moyens pour qu’une aide psychologique soit apportée aux familles. Entre perte de repères et culpabilité, les enfants sont particulièrement touchés.

Yevgenia et sa fille ont mis deux jours pour rejoindre la frontière slovaque depuis Kiev.
Yevgenia et sa fille ont mis deux jours pour rejoindre la frontière slovaque depuis Kiev. © RFI/Alexis Bédu
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De notre envoyé spécial à Michalovce,

À Vyšné Nemecké, le passage de la frontière se fait à pied. Yevgenia traîne un bagage à roulette. Avec sa fille de 14 ans, Alessia, elles ont mis deux jours depuis Kiev pour enfin quitter le pays. Même si elles sont en sécurité désormais, Yevgenia s’inquiète beaucoup pour la suite.

Quand on fuit la mort, on n’oublie pas comme ça, dit-elle. « Ma fille me parle, elle raconte ses peurs. Elle s’inquiète. La roquette est tombée dans la maison juste à côté de la nôtre… Depuis, on n’a pas dormi une seule nuit. Alessia n’arrête pas de dire que la prochaine roquette sera pour notre maison. »

►À lire aussi : Guerre en Ukraine, 1,4 million d’enfants ont fui depuis le début de l’offensive russe

Détresses psychologiques

Dès leur arrivée en Slovaquie, les réfugiés sont pris en charge par des associations humanitaires. Une des premières tentes après le passage des douanes est occupée par le docteur Marek Madro, psychologue pour la Croix-Rouge.

« Je suis ici depuis le début du conflit et vraiment, l’état psychique des enfants qui arrivent se détériore », alerte Marek Madro. « Souvent, les mères ukrainiennes s’écroulent dès leurs premiers pas sur le territoire slovaque. Elles pensaient avoir bien caché leurs sentiments, mais les enfants ressentent toutes leurs angoisses. »

Marek Madro est psychologue pour la Croix-Rouge, il prend en charge les exilés à leur arrivée à Vyšné Nemecké.
Marek Madro est psychologue pour la Croix-Rouge, il prend en charge les exilés à leur arrivée à Vyšné Nemecké. © RFI/Alexis Bédu

Alona, mère de trois jeunes enfants, explique que ces petits voient cet exil comme un voyage, qu’ils ne se rendent pas compte. Elle pense qu’ils acceptent la situation telle qu’elle est. Pour eux, c’est simplement une aventure, dit cette jeune maman ukrainienne.

Mais selon le psychologue Marek Madro, c’est une erreur de penser cela : « Il est évident que les enfants sont comme des éponges. Ils absorbent toute l’anxiété de leurs parents. Ils ne veulent pas les blesser ou les affaiblir donc ils prétendent aller bien alors qu’ils souffrent énormément. »

Un programme de scolarisation pour les enfants exilés

Tamarka et Vicky sont les nouvelles copines de classe de Diana, une petite Ukrainienne de six ans qui vient de passer ses premiers jours à l’école slovaque. Un programme de scolarisation des enfants exilés a été mis en place par le gouvernement.

Pour Macha, la mère de Diana, c’est un soulagement : « Elle est en première année d’école primaire, alors bien sûr, c’était très important qu’elle reprenne le plus vite possible. Et c’est assez magique comme les langues imprègnent les enfants… En deux semaines, elle parle déjà un peu slovaque. »

Une autre élève ukrainienne rejoindra Diana cette semaine dans sa classe. Une joie pour elle. Même si ses amies de Dnipro, sa ville natale et son père resté au combat, lui manquent énormément.

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