La carte postale du Tour: de Kaboul à Lausanne, la longue étape des cyclistes afghanes
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Le Tour de France est de passage en Suisse. Après une arrivée à Lausanne samedi 9 juillet, le départ de la 8e étape se fait à Aigle. Siège de l’Union cycliste internationale, la petite ville proche du Lac Léman accueillera en septembre prochain le championnat de cyclisme féminin d’Afghanistan. Plusieurs dizaines de femmes ont trouvé refuge en Suisse après la prise de pouvoir des talibans en août dernier.
De notre envoyé spécial à Aigle,
Leur pays leur manque. Mais pour continuer à tourner les pédales en sécurité, il fallait partir. Menacées de mort, ces Afghanes n’avaient pas le choix, explique Faizi Benafsha, porte-parole du comité olympique afghan.
« Les talibans ont prévenu les fédérations sportives dès leur arrivée au pouvoir que les femmes n’avaient pas le droit de faire de sport », dit Faizi Benafsha. « S’ils voient des femmes faire du vélo par exemple, ils ont expliqué que ce ne serait en aucun cas leur problème si elles disparaissaient ou si elles étaient battues. Toutes ces femmes étaient donc menacées si elles voulaient poursuivre leur sport sous un gouvernement taliban ».
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Opération rocambolesque
Début octobre 2021, sous l’impulsion de l’Union cycliste internationale, une exfiltration est organisée. 125 personnes au total, dont une vingtaine de cyclistes et leurs familles, rejoindront la Suisse. Une opération menée à la baguette par Philippe Leuba, alors conseiller d’État du canton de Vaud en charge de l’économie, de l’innovation et du sport.
« Nous avons monté une opération rocambolesque », se souvient Philippe Leuba. « Cela a pris finalement la forme d’affréter un avion qui s’est posé au nord de l’Afghanistan sans contrôle aérien. Ça a été une opération qui tenait à la fois de James Bond, puisque les passeports ont été faits dans une ambassade afghane extérieure à l’Afghanistan. Il a fallu amener ces passeports en Afghanistan alors que les frontières étaient fermées », raconte-t-il.
Puis, il ajoute : « L’ancien ministre français Le Drian disait à David Lappartient (président de l’Union cycliste internationale, ndlr) “Il faut que tu m’expliques comment tu as fait parce que nous, État français, nous ne sommes pas parvenus à le faire”. »
Renaissance en terre helvète
Dans cet avion, parmi ces cyclistes, Masomah Ali Zada qui a ainsi pu participer aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021 dans l’équipe des réfugiés. L’UCI dont le siège se situe à Aigle, village départ du jour, met à disposition du matériel ainsi que des entraîneurs.
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« Maintenant, elles ont le droit et la possibilité de poursuivre leur rêve. Elles ont la liberté », souligne Faizi Benafsha. « Elles peuvent avoir des vélos et s’entraîner tous les jours. L’arrivée dans cette nouvelle société suisse sans savoir parler la langue en laissant leurs proches en Afghanistan a été difficile pour elles. Mais les plans et les rêves qu’on avait pour notre pays se sont envolés ».
Une soixantaine de cyclistes afghanes réfugiées en Europe participeront au championnat national en septembre. Une fierté pour Philippe Leuba : « C’est une forme de renaissance », constate-t-il. « Le cyclisme reste malgré tout possible. La pratique du sport reste, malgré tout, possible, malgré toutes les embûches que certains tentent de dresser. »
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