Sri Lanka: la pénurie de carburant plonge la population dans la pauvreté
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Au Sri Lanka, le président a démissionné, ouvrant la voie à une transition politique pacifique. Après une semaine de manifestations et la capture de nombreux sièges du pouvoir, la crise politique est donc redescendue d’un cran. Mais la crise sociale et économique, elle, est toujours aussi grave. L’un des symptômes est la pénurie de pétrole, devenue tellement grave qu’il faut faire des jours de queue pour espérer en avoir. Et cela fait tomber une grande partie de la population dans la pauvreté.

De notre envoyé spécial à Colombo, avec Menaka Indrakumar
Navanima Rajamani a les yeux rouges et la mine tirée. Cela fait 4 jours que cet homme dort dans sa voiture, en attendant de l’essence. « Je suis épuisé. Je ne suis pas rentré chez moi depuis quatre jours, je dois garder la place. Et les distributeurs m’ont dit que l’essence n’arrivera que dans 4 jours. »
Derrière lui se trouvent près d’un millier d’autres véhicules, dans une file d’environ 1 km de long. Cette station essence du centre de Colombo, qui appartient à une société indienne, est l’une des seules du quartier à fournir du carburant, les autres sont fermées.
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Au Sri Lanka, à cause de ces pénuries, cela devient un luxe incroyable de rouler en voiture. Une grande partie de la population marche ou se déplace à vélo, comme ce responsable d’une agence bancaire de 50 ans, monté sur une bicyclette vert fluo.
J’ai pris le vélo de mon fils. Je l’utilise depuis deux semaines pour venir travailler. Je vis à 11 km d’ici, j’en ai pour plus de 50 min de trajet. C’est difficile à cette saison, car il fait chaud, et je n’ai clairement pas l’habitude. Avant je venais en voiture, mais maintenant je la laisse à la maison, avec la moitié du réservoir plein, et l’utilise uniquement pour les urgences.
Ceux qui ne peuvent pas se passer de pétrole
Mais il y a ceux qui ne peuvent éviter de rouler, comme les chauffeurs de triporteurs. Sur la baie de Colombo, Sanjeeva Madushankar attend de potentiels clients, dans des rues quasiment désertes. « Je passe près d’une semaine dans les files d’attente et je travaille la semaine suivante. Parfois, j’achète de l’essence au marché noir, à 5 fois le prix, ce qui m’oblige à faire payer davantage pour la course. Mais très peu de gens acceptent ce tarif, donc j’ai peu de passagers. »
Cette pénurie de carburant a commencé il y a plusieurs mois quand l’État s’est retrouvé à court de devises pour en acheter. Mais elle ne fait qu’empirer depuis, plongeant des millions de familles sri-lankaises, comme la sienne, dans l’insécurité alimentaire. « Mes revenus ont chuté d’un coup, donc dans ma famille, nous achetons seulement l’essentiel. Nous mangeons moins et la viande ou les œufs, c’est maintenant exceptionnel », constate un Sri-Lankais.
Selon le gouvernement, la prochaine livraison de pétrole sur l’île devrait arriver à la fin de la semaine.
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