À Gaza, la mauvaise situation économique étouffe les habitants
Publié le :
C'est le discours qui revient dans toutes les conversations : le manque de travail, le manque d'argent, la hausse des prix, l'impossibilité de s'en sortir, financièrement. Le blocus israélien et égyptien de l'enclave – depuis que le Hamas a pris le pouvoir en 2007 – a dévasté une économie déjà fragile. Dans cette minuscule bande de terre, minée par la pauvreté, près de 80 % des 2,3 millions d’habitants dépendent de l’aide humanitaire, beaucoup vivent sous le seuil de pauvreté, et les perspectives pour s’en sortir sont quasiment inexistantes. Le chômage avoisine les 50 % et dépasse les 62 % quand il s’agit des jeunes.
De notre correspondante dans les Territoires palestiniens,
Ahmad Zenadi, 24 ans, travaille sur la plage de Gaza comme vendeur de « barrad », ces boissons glacées aux couleurs fluorescentes dont raffolent les habitants lorsque la chaleur de l’été devient étouffante.
« La situation économique est vraiment très difficile. Pas seulement pour moi, mais pour tout le monde : pour les marchands de fruits et légumes sur le marché, pour les vendeurs ambulants, pour les propriétaires de café. Surtout, les gens ne sortent pas encore comme avant, ils sont tous encore très affectés par la dernière agression à Gaza. Ici, nous espérons, nous rêvons qu’Israël ouvre les frontières, qu’on puisse sortir pour trouver plus de travail et de nouvelles sources de revenus. »
► À lire aussi : Au premier jour de trêve, les Gazaouis pansent leurs plaies et pleurent leurs morts
75 % des jeunes diplômés au chômage
Le jeune homme n’est pas allé à l’université, il devait aider financièrement sa famille le plus tôt possible. Et il savait, dit-il, qu’un éventuel diplôme servirait davantage à décorer le mur du salon, qu’à lui trouver un travail. Dans cette enclave côtière, la moitié des jeunes n’a ni emploi, ni éducation, et pour les jeunes diplômés, le taux de chômage atteint 75 %, selon le bureau central palestinien des statistiques.
Pour s’en sortir, ces jeunes ne peuvent compter que sur des contrats à court terme. « C’est souvent pour faire du ménage ou être concierge dans une école par exemple, pour trois ou six mois maximum, et principalement avec l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, il n’y en a pas avec le gouvernement. C’est notre seule chance d’obtenir un travail, mais la liste d’attente est très longue. »
Sur le banc à côté du stand d’Ahmad, Majdoolen Mtwa’eh. La jeune femme de 22 ans raconte qu’elle a fait des études d’infirmières, « mais en tant que femme palestinienne, encore plus à Gaza, à cause de la situation économique et du blocus, c’est très difficile pour moi de trouver un travail. »
► À lire aussi : À Gaza, la double pression sur les femmes palestiniennes
Elle le précise : ce qu’il manque à Gaza, encore plus que l’électricité en continu, l’air respirable, l’eau potable et la liberté de circulation, c’est la possibilité de faire des plans. Elle n’a pas d’horizon pour s’organiser, et ne sait pas quand elle aura des opportunités. Alors pour pouvoir nourrir leurs familles, certains Gazaouis pensent à aller travailler en Israël. Les perspectives y sont meilleures pour les travailleurs du bâtiment ou les ouvriers agricoles et les salaires bien plus avantageux.
« Le gouvernement israélien a bien compris l'importance de fournir des facilités économiques à la bande de Gaza, explique l’analyste palestinien Omar Shaaban. Car l’un des plus grands problèmes auxquels la bande de Gaza est confrontée est le chômage, en particulier chez les jeunes. Le travail en Israël était, est et devrait être la plus importante source de revenus pour le secteur gazaoui. Dans les années 1980, 100 000 travailleurs de Gaza travaillaient en Israël ». La semaine dernière, lsraël a augmenté de 1 500 le nombre de permis accordés aux travailleurs de Gaza, portant le total à 15 500.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne