Reportage international

Québec: pour sauver le caribou forestier, ONG et communauté autochtone s'organisent

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Le bourdon à tache rousse, la chauve-souris nordique, la raie tachetée, la couleuvre brune font partie des espèces que le gouvernement du Québec vient de placer sur la liste des espèces menacées à l’occasion de l’ouverture de la COP15 sur la biodiversité à Montréal. Cependant, le caribou forestier, qui ressemble beaucoup au renne de Laponie, ne bénéficiera pas de nouvelles mesures de protection alors qu’il a quasiment disparu de la vallée du Saint-Laurent. Les organismes de défense de l’environnement s’inquiètent de sa possible disparition.

Deux caribous près de la ville de Banff, dans la province de l'Alberta au Canada. (image d'illustration)
Deux caribous près de la ville de Banff, dans la province de l'Alberta au Canada. (image d'illustration) © AFP / DON EMMERT
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« Nos grands-parents, mon grand-père entres autres, chassaient le caribou. Le nord de notre territoire, c'était une forêt de caribous il n'a pas si longtemps. »

Louis Lesage veille sur le territoire des Wendats, une des nations autochtones établie un peu au nord de la ville de Québec. Comme beaucoup d’autres, il constate la quasi-disparition de ce quadrupède un peu moins gros qu’un cheval dans le sud du Québec. Il a fallu mettre une quinzaine d’individus dans un enclos pour les protéger, à 1h30 à vol d’oiseau de là. Pour lutter contre ce déclin, la communauté wendat a pris une décision.

Réguler le nombre de prédateurs

« Faut prendre un choix déchirant, à un endroit précis, dans un secteur précis, là où les femelles caribous mettent bas, on va essayer d'éliminer le plus possible les prédateurs qui sont là, principalement l'ours. L'ours, au printemps, est un prédateur très important des jeunes caribous. »

Au printemps, les Wendats piègent donc l’ours. Sauf que d’autres prédateurs s’attaquent aussi aux caribous, notamment le coyote et le loup. Cependant, ce sont surtout les coupes forestières qui précipitent sa disparition, comme l’explique la biologiste Marianne Caouette de Nature Québec, un organisme qui défend l’environnement.

« La cause ultime du déclin du caribou au Québec, c’est la transformation de l’habitat par les activités humaines et tout particulièrement par l'exploitation forestière. Toutes les coupes forestières et la construction des chemins forestiers, ça va vraiment nuire au caribou, mais aussi favoriser ses prédateurs. C’est un indicateur de la santé de nos écosystèmes, de notre environnement. Donc, quand on perd le caribou, on sait que quelque chose ne va pas bien dans l'écosystème. Ce n'est pas seulement le caribou qui va disparaître, mais probablement beaucoup d'autres espèces. Et cela a un impact sur nous les humains qui profitons de ce que la nature nous offre. »

Recréer un environnement propice au caribou

Conscients de l’importance de disposer de forêts sans coupes forestières, les Wendats veulent relier entre eux des parcs régionaux et des territoires au nord de Québec pour créer un environnement propice aux espèces sauvages. « Dans quelques années, on va se ramasser avec un immense territoire de vieilles forêts, très bonnes pour le caribou dans le futur. Donc, a cette chance-là ici d'avoir des secteurs forestiers qui vont être prêts à accueillir le caribou quand on va le relâcher de là où il est en enclos », explique Louis Lesage.

Pour l’instant, le gouvernement du Québec refuse de prendre de telles mesures, mais la société civile veille au grain.

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