L’inflation galopante ronge le porte-monnaie des Hongrois
Publié le :
Direction la Hongrie, championne d’Europe de l’inflation. La hausse des prix était de 23% en novembre, 25% prévu pour décembre. C’est le taux le plus élevé de toute l’Union européenne, où la hausse des prix est en moyenne de 10%. Certains Hongrois sont obligés de prendre un deuxième, voire un troisième emploi.

Avec notre correspondante à Budapest,
Sur les marchés de Budapest, c’est l’affluence. Erzsébet fait ses courses, à l’affût des promotions, car les prix alimentaires ont augmenté de 44% depuis l’année dernière. Le prix des œufs et du pain a même doublé. « Tout est beaucoup plus cher ! Au moins 40% de plus ! La viande, le pain… Ah, le pain est inabordable ! Beaucoup de gens apprennent à faire le pain à la maison. Manger sainement, c’est devenu un luxe », témoigne-t-elle.
Pour lutter contre l’inflation, le gouvernement hongrois a gelé les prix de certains aliments : la farine, le lait demi-écrémé, certains morceaux de porc et de poulet… Ce gel des prix vient d’être prolongé jusqu’en avril prochain. Mais Erzsébet ne voit pas vraiment la différence dans son porte-monnaie : « Les gens se précipitent sur ces produits dont le prix est plafonné, décrit-elle. Du coup, les étagères sont vides, et si on veut du lait, il ne reste que le plus cher. Ce gel des prix, je ne vois pas en quoi il nous aide vraiment. »
► À lire aussi : Hongrie : la flambée des prix de l'énergie annonce un hiver particulièrement rude
Pourquoi l’inflation atteint-elle 25% en Hongrie, alors qu’en Europe elle n’est que de 10% ?
C’est à cause de la guerre en Ukraine, répète le gouvernement de Viktor Orban. Mais pour Dora Györffy, professeur à l’université Corvinus de Budapest, c’est aussi dû à la politique économique du gouvernement :
En janvier 2020, le taux d’inflation était déjà de 4,7%, trois fois plus que la moyenne européenne ! Tout ça parce que depuis 2016, le gouvernement a constamment dévalué le forint, pour rendre le pays plus compétitif. Mais les importations sont devenues plus chères, et ça a nourri l’inflation.
Pour Dora Györffy, le populisme de Viktor Orban a aussi contribué à la hausse des prix : « La deuxième cause de l’inflation, c’est l’énorme déficit budgétaire, affirme-t-elle. Avant les élections, le gouvernement a dépensé beaucoup d’argent : il a remboursé les impôts aux familles nombreuses, et il a versé un treizième mois aux retraités. »
Ce sont les retraités qui subissent le plus les conséquences de l’inflation. C’est le cas de Katalin. Avec sa pension d’environ 380 euros par mois, elle n’arrive plus à payer ses factures. Alors, elle travaille à temps partiel dans quatre endroits différents : « Je travaille dans une pharmacie, je fais des ménages chez une famille, et aussi dans un bureau, et dans un café… Je m’en sors comme ça. »
Le gouvernement a annoncé que les retraites seraient augmentées de 15% à partir de janvier. Mais cette hausse sera loin de compenser l’inflation.
► À lire aussi : Allemagne : l'inflation devrait rester haute dans les prochaines années
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne