Lahore, la capitale culturelle du Pakistan suffoque sous un épais nuage de pollution
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Fermeture temporaire des écoles pendant quelques jours, fermetures des commerces et des restaurants après 22 heures ; à Lahore, la capitale provinciale du Pakistan, des mesures ont été prises par les autorités locales en raison des niveaux alarmants de « smog », un épais nuage de pollution toxique. Dans certains quartiers, l'indice de qualité de l’air atteint 400, un seuil considéré comme une menace pour la santé publique, selon les experts.

De notre correspondante à Islamabad,
Les rues de Lahore sont plongées dans un épais nuage de pollution : le smog composé de gaz et de particules. Dans sa maison à Lahore, Rafay Alam, l’avocat spécialiste de l’environnement et militant écologiste nous présente un objet devenu indispensable dans son quotidien : « Il s'agit d'un appareil de mesure de la qualité de l'air. En ce moment, la qualité de l'air à l'intérieur est bonne, elle est inférieure à 50. »
Mais à l’extérieur, dans son jardin, rapidement les chiffres grimpent sur l’écran de l’appareil. « On est passé de 35 à 90. C'est trois fois plus mauvais dehors en ce moment. Quand on est au-dessus de 50, c'est mauvais pour nous. », s’inquiète l’avocat.
L’air est suffocant, la gorge et les yeux piquent. Une situation qui se répète tous les hivers : de Kaboul en Afghanistan à Calcutta en Inde, en passant par le Punjab entre autres, au Pakistan. La géographie de la région explique que le smog perdure de longs mois explique Rafay Alam. « C’est en partie parce que la région est encerclée par les chaînes de montagnes de l’Hindou Kouch, de l’Himalaya et de Karakoram. Donc la pollution est comme bloquée et ne peut pas s’échapper. Que peut-on faire si ce n’est attendre qu’il pleuve. »
Cinq appareils pour 18 millions d'habitants
Le brûlage des résidus de récolte et la pollution industrielle sont des facteurs importants, le secteur des transports, serait responsable à lui seul de plus de 40% de la pollution atmosphérique au Pakistan. Dans La province du Punjab, habitée par 18 millions de personnes, il n’y a que cinq appareils de mesure de la qualité de l’air. Les autorités locales ne prennent pas le sujet au sérieux, selon le militant écologiste.
« Nous avons les exemples de Los Angeles, mais aussi Londres, Stockholm, et plus récemment Pékin. Dans toutes ces villes, il y avait une prise de conscience. Parce que régler la qualité de l’air ne se fait pas du jour au lendemain, cela prend des années, poursuit Rafay Alam. Parce que vous devez régler la qualité de vos carburants, changer vos modes de transport, comment vous pensez la ville. Et cela prend du temps. Et donc dans toutes ces villes où la qualité de l’air a été contrôlée, il y avait une vision commune qui était partagée. C’est ce qui nous fait défaut, car nous ne reconnaissons pas l’existence de ce problème », ajoute le militant.
Dans la périphérie de Lahore, Les cheminées des briqueteries crachent leur fumée noire toxique dans l’air déjà pollué. Sur un chantier, Maksoud Ali dirige les autres ouvriers qui s’attellent à transposer les briques sorties des fours sous terre sur des charrettes tractées par des ânes.
« Il y a beaucoup de fumée et de pollution ici. On fait attention à la direction dans laquelle va la fumée et on travaille dans un endroit qui se trouve du côté opposé au vent. Quand nous tombons malades, nous prenons des médicaments prescrits par le médecin et nous pouvons travailler quelques mois de plus. Nous ne gagnons pas assez dans les autres usines. Ici, au moins, nous sommes payés chaque semaine » assure-t-il.
Comme des millions d’autres travailleurs journaliers dans le secteur industriel et agricole, il survit avec sa famille grâce aux quelques dizaines d’euros qu’il gagne chaque mois ici, même si leur santé en pâtit.
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