Reportage international

Kurdistan: une nuit chez les derviches pendant le ramadan

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Pour le milliard et demi de musulmans dans le monde, en ce moment c’est le ramadan. Parmi eux, les adeptes d’un mouvement très particulier dans l’islam : le soufisme. Ils ne sont ni chiites, ni sunnites et s’organisent entre eux, par confréries. Leurs derviches – sorte de moines – privilégient une pratique mystique et ésotérique de l’islam en entrant dans un état de transe.

Pour entrer en transe les derviches se mettent en cercle, et ils commencent à pencher la tête de haut en bas, respirent très fort ce qui va suroxygéner leur sang et provoquer un état d’ivresse généralisé.
Pour entrer en transe les derviches se mettent en cercle, et ils commencent à pencher la tête de haut en bas, respirent très fort ce qui va suroxygéner leur sang et provoquer un état d’ivresse généralisé. © Théo Renaudon / RFI
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De notre correspondant régional,

Nous sommes ici dans une taqiya, l’équivalent d’un monastère soufi. Le soleil s’est couché depuis à peu près deux heures, le jeûne du ramadan est rompu. Les 40 derviches commencent à entrer en transe dans la salle de prière. « Quand je fais le rituel, je sais que Dieu me regarde. Que je gagne des points pour entrer au paradis après la mort. Je suis le comportement du prophète. Je me sens presque comme si j’étais déjà au paradis. Je me sens apaisé. C’est un état spirituel très spécial ».

Pour entrer en transe, les derviches se mettent en cercle, et ils commencent à pencher la tête de haut en bas. Ils respirent très fort, ce qui va suroxygéner leur sang et notamment leur tête. Et donc provoquer un état d’ivresse généralisé. « Je me sens plus proche de Dieu pendant le moment du Zikr. Je n’arrive pas à penser ni à ma famille, ni à mon travail, ni à l’argent. Je ne pense qu’à Dieu, au prophète, à la religion à mon sort après la mort. C’est à ça que ça sert ».

Heman Abedekarim Abdelkadr est soufi depuis 35 ans, il en a une cinquantaine. Comme de nombreux derviches, ses cheveux gris sont longs jusqu’aux épaules. Il est habillé en costume kurde, gilet sans col rentré dans un pantalon bouffant. « Tout le monde réagit à sa façon, tout le monde ne pleure pas ! C’est une question de foi, plus tu as la foi, au plus tu pleures. Pendant le rituel, tu penses à la mort. Tu penses au prophète, à la religion. Tu penses au mal et aux mauvaises choses. Ceux pour lesquels tout cela importe le plus, se mettent à pleurer ».

Ici en Irak, les confréries soufies ont été victimes ces dernières années de l’émergence de groupes islamistes comme Daech. Les derviches étaient accusés d’hérésie et ont dû se faire un peu plus discrets.

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