« Allez en prison, ne passez pas par la case départ, ne touchez pas 20 000 francs ». Vous connaissez tous le Monopoly, dans sa version classique. Découvrez le Topoly. To-po-ly pour Territoires occupés palestiniens-oly. C’est une association française établie à Hébron, en Cisjordanie occupée qui a développé ce jeu de société. Objectif : faire découvrir le quotidien des Palestiniens, sous occupation israélienne.
Une bonne odeur de crêpes, flotte dans les locaux de l’association Soutien à Solidarité Hébron. Autour d’un petit buffet, des membres de cette association : Palestiniens, mais aussi Français, comme Madeleine. La créatrice du Topoly : « Ça se présente comme un plateau de Monopoly classique avec les cases des différentes grandes villes de Cisjordanie, Gaza et Jérusalem, avec des prix de loyers en fonction des lieux, des terrains, etc. »
« Vous devez détruire la moitié de vos maisons »
On lance les dés. On voyage en Palestine. Bienvenue à Gaza sous blocus, la case est entourée de barbelés. On relance les dés. Comme au Monopoly, on tire une carte chance, mais ici tout est plutôt malchance. La créatrice du jeu offre un florilège des embûches qui peuvent se trouver sur votre chemin pendant la partie :
« - Votre puits a été démoli par l'armée, vous devez acheter pour 70 livres, vous les versez à la Banque.
- Vous avez un ordre de démolition émis par l'armée, vous devez détruire la moitié de vos maisons.
- Malchance : vous arrivez à un checkpoint, vous devez attendre un tour.
- L'ONU passe une résolution en faveur de la Palestine, rien ne change. Vous attendez 2 tours ... »
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Apprendre sur l'histoire du pays
Des cartes malchance qui reflètent ce que vit chaque Palestinien sous occupation. Comme dans la version classique, on peut acheter des biens. Mais l’idée est surtout de faire découvrir les villes palestiniennes. Madeleine a pensé à tout : « 8 case... J'arrive sur la case Salfit. Alors, si je ne sais pas où c'est, j'ai un feuillet sur lequel on trouve des informations en français et en arabe - tout le jeu est bilingue - sur Salfit. J'apprends un peu de la géographie des lieux et un peu l'histoire de la ville : "Petite vie de l'époque ottomane, à 26 km au sud-est de Naplouse, réputée pour son huile d'olive et pour sa zone industrielle spécialisée dans la coupe de la pierre." Voilà ce genre de petite information qu'on va trouver sur chacune des villes. »
Pour acheter des biens, pas de shekel israélien utilisé pourtant dans la vraie vie : « On achète en livre palestinienne. Mais en tout cas, la livre palestinienne sera la monnaie officielle si un jour il y a un État palestinien indépendant ».
Les éléments du jeu sont en bois. Pas de plastique, insiste Madeleine. Les pions représentent des symboles palestiniens : le rameau d’olivier, le « Tatriz » ou la broderie traditionnelle palestinienne et la fameuse clé du réfugié notamment.
Le jeu est produit en France. Il est vendu en ligne. Et disponible également dans le commerce à Jérusalem et à Hébron, pour les adeptes d’humour noir. « Car sans sens de l’humour, on ne tient pas très longtemps ici », conclut Madeleine.
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