Équateur: un second tour de l'élection présidentielle dans un contexte sécuritaire tendu
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13,5 millions d’électeurs équatoriens se déplacent ce dimanche 15 octobre pour départager Luisa Gonzalez, candidate de gauche proche de l’ancien président Rafael Correa, et Daniel Noboa, fils de l’homme le plus riche de l’Équateur, lors du 2e tour de la présidentielle. Le vainqueur de l’élection terminera le mandat de l’actuel président Guillermo Lasso dans moins d’un an et demi, en mai 2025.

Ce jeudi à l’aube, des tueurs à gages se sont introduits à Guayaquil dans la maison de George Samir Maestre, alias « Samir ». Ils ont exécuté dans son sommeil cet homme d’affaires véreux, leader de la bande « Mafia-18 », liée au cartel mexicain de Jalisco Nouvelle Génération. Un assassinat qui ne surprend plus en Équateur, désormais le troisième pays le plus violent d’Amérique du Sud après le Venezuela et la Colombie.
« Nous autres Équatoriens, on voyait de loin la violence en Colombie ou au Pérou. On se prenait pour une île de paix, mais aujourd’hui la violence est bien là », témoigne Mariana Velasco.
Exemple dans le sud du pays, dans la ville de Machala où le port de Puerto Bolivar attire les trafiquants de drogue et où l’extorsion, la « vaccination » comme on dit ici, est monnaie courante. « Juste ce mois-ci, trois hommes d’affaires connus ont été assassinés parce qu’ils ne voulaient plus être "vaccinés" en échange de "protection". Et ce ne sont que les cas connus. Il y a aussi une quantité de petits ou moyens commerces qui ne supportent plus d’être extorqués et qui ferment », explique Celio Rosario, un habitant de Machala.
Le récent assassinat dans des prisons de Guayaquil et Quito de sept tueurs à gages, responsables présumés de la mort du candidat présidentiel Fernando Villavicencio, n’a pas arrangé l’image du gouvernement, selon le colonel Mario Pazmiño, spécialiste en sécurité et défense. « C’est un manque de critère du gouvernement central, une improvisation permanente et un déficit opérationnel dans la cadre de la protection de témoins qu’il était vital de maintenir en vie. C’est aussi un problème du parquet et de la fonction judiciaire. »
Quant aux programmes des deux candidats finalistes en matière de sécurité, ils n’enthousiasment pas non plus le colonel Pazmiño. « Le candidat Noboa parle de construire des prisons en mer sur des navires pour éviter que les trafiquants ne communiquent avec leurs troupes et diminuer les niveaux de violence, mais cela demande du temps et de l’argent. Heureusement, les candidats reconnaissent la nécessité de renforcer le contrôle des frontières par où pénètrent près de 800 tonnes de cocaïne chaque année et de militariser provisoirement les ports et les aéroports. »
Mais en attendant, de nombreux Équatoriens n’ont pas l’intention d’attendre, selon l’analyste Gustavo Isch. « Il y a quelques mois, le principal problème des Équatoriens était le manque de travail. Aujourd’hui c’est la sécurité. Il y a 800 000 demandes de visas dans les ambassades, car les gens veulent partir pour vivre tranquillement et pour obtenir un emploi. »
Sécurité et emploi, les deux défis du prochain président… ou présidente.
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