Reportage international

Les Égyptiens solidaires de leurs «frères» palestiniens

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L’Égypte, voisine de la bande de Gaza, fait face au dilemme de l’accueil de réfugiés palestiniens… Faut-il ou non laisser passer les habitants de Gaza par le poste frontière de Rafah jusqu’au Nord Sinaï ? Officiellement, le gouvernement d’Abdel Fattah al-Sissi dit que sa frontière est ouverte, mais en pratique, il n’y a pas de passage. Sur la question de l’accueil des réfugiés, les Égyptiens eux-mêmes sont divisés. Mais le soutien aux « frères palestiniens » dans la bande de Gaza est inconditionnel.

Les Palestiniens fuient le nord de Gaza vers le sud après que l'armée israélienne a émis un avertissement d'évacuation sans précédent.
Les Palestiniens fuient le nord de Gaza vers le sud après que l'armée israélienne a émis un avertissement d'évacuation sans précédent. © Hatem Moussa / AP
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De notre correspondante au Caire,

En Égypte, pas de manifestation dans la rue, elles sont interdites, mais dans une résidence privée où se tient un meeting politique, le rassemblement est ponctué de slogans en soutien à la Palestine.

« Gaza, Gaza, mon pays, ma fierté », scandent les manifestants. Parmi eux, Maouly, la cinquantaine : « Je suis là pour ceux qui souffrent à Jérusalem et Gaza, les enfants de Gaza qui sont massacrés, et tous les pays du monde parlent de démocratie et d’humanité mais abandonne des enfants qui ne sont coupables de rien. Ils ne font et ne disent rien ! »

En colère, elle dénonce la réaction de l’Occident qui serait complice de l’État hébreu, « oppresseur », dit-elle, et s’oppose aussi aux rapprochements récents entre Israël et les pays arabes : « En tant qu’Égyptiens, nous rejetons la normalisation, de tous les gouvernements arabes. S’ils veulent normaliser, qu’ils le fassent… Mais ça, c’est l’opinion de la rue aujourd’hui ! »

Dans la rue, quartier populaire de Sayeda Zeinab, au cœur du Caire, Gamal qui tient un petit commerce de vêtements, n’a qu’un seul mot à la bouche quand on évoque la situation à Gaza : « C’est un crime, c’est un crime, c’est un crime… »

Des Égyptiens solidaires

Persuadé que les Palestiniens résisteront coûte que coûte, il ne croit pas à un exode massif de la population vers l’Égypte. En transitant par le poste frontière de Rafah, jusqu’à la péninsule du Sinaï : « Ils veulent les traîner jusqu’au Sinaï ? Qui a dit ça ? C’est Israël qui dit ça ou quoi ? Il n’y a pas de Palestiniens qui quitteront leur terre, ils ne partiront pas. Ces paroles-là sont celles de l’Occident pour voir notre réaction, mais ces paroles ne sont pas vraies. Les Palestiniens mourront sur leur terre. »

Ahmed a le même point de vue, si les Gazaouis partent, ce sera un aller sans retour sur leurs terres : « Ils doivent rester là-bas. Le rôle de l’Égypte, maintenant, c’est de faire ce qu’on appelle un couloir humanitaire pour l’aide humanitaire, les médicaments, la nourriture, l’eau. »

Au sein de la jeune génération, l’accueil des Palestiniens sur le sol égyptien semble plus évident. Youssef ne voit aucun obstacle à l’arrivée de réfugiés dans son pays : « Nous et les Palestiniens, nous sommes frères… Alors, bien sûr, il n’y a pas de problème. Le Sinaï est grand ! En tant que peuple, il n’y a pas de problème avec nous. Nous sommes avec eux de tout notre cœur et de toute notre volonté. Par Dieu, que Dieu les aide. »

De son côté, le gouvernement égyptien a organisé l’aide humanitaire prête à être acheminée vers Gaza. Médicaments, nourriture, tout est pour l’instant centralisé dans la ville d’Al-Arish, à proximité du poste frontière de Rafah.

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