Reportage international

Israël: des familles d’otages liées par le destin tragique de leur école

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En Israël, des familles d’otages aux mains du Hamas ont entamé une marche à plusieurs de Tel Aviv à Jérusalem, pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il négocie et libère au plus vite leurs proches. Qu’elles participent ou pas à cette marche, les familles vivent très difficilement cette attente. Rencontre avec un groupe d’Israéliens très liés par l'épreuve qu'ils traversent. Reportage.

Les familles et amis d'environ 240 otages détenus par le Hamas à Gaza appellent à leur retour alors qu'ils entament une «marche pour les otages» de 5 jours depuis Tel Aviv jusqu'au bureau du Premier ministre à Jérusalem.
Les familles et amis d'environ 240 otages détenus par le Hamas à Gaza appellent à leur retour alors qu'ils entament une «marche pour les otages» de 5 jours depuis Tel Aviv jusqu'au bureau du Premier ministre à Jérusalem. AP - Ohad Zwigenberg
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De nos envoyés spéciaux à Tel-Aviv, 

Des portraits d’otages détenus à Gaza sont affichés sous une tente à Tel Aviv. Des dizaines d’Israéliens défilent et se prennent dans les bras, émus aux larmes. Tous se connaissent, car ils ont fréquenté à un moment de leur vie la même école. Elle réunit les élèves de plusieurs villages communautaires, les kibboutz, le long de la frontière avec Gaza. Et nombre d’entre eux ont disparu aujourd’hui. Illan a la cinquantaine. Il ne vit plus dans la région depuis longtemps, mais il est venu par solidarité : « Beaucoup de gens qui ont été kidnappés sont des anciens professeurs, des parents d’élèves qui étaient avec moi à l’école, des anciens élèves qui ont étudié avec moi, beaucoup de gens que je connais, c’est vraiment très dur ».

« J'allais manger du houmous sur la plage à Gaza »

L’école, Nofei ha-Bsor, a été touchée de plein fouet : des dizaines de morts et de personnes kidnappées dans l’attaque du Hamas, le 7 octobre dernier.

« C’est toute mon enfance qui s’est brisée ce jour-là », résume Eyal qui raconte les liens très forts au sein de l’école des kibboutz. Résolument de gauche, ce sexagénaire, a toujours prôné la coexistence pacifique avec les Palestiniens. Mais après les attaques du Hamas, il semble déboussolé : « Ça me fend le cœur parce que nous avons grandi dans l’esprit que nous pouvions vivre ensemble. Je me souviens quand j’étais petit, j’allais manger du houmous sur la plage à Gaza, j’avais des amis, mon père y allait, il faisait du commerce là-bas. On était amis. Mais maintenant, et depuis plusieurs années, les enfants, on leur a lavé le cerveau. Ils ont été éduqués à haïr les Israéliens. Ce sera comme ça jusqu’à ce qu’on démolisse et qu’on reconstruise tout. »

Des familles dans l'urgence de la libération

Ayelet, elle, n’entre pas dans ces considérations. Elle est dans l’urgence de la libération de ses proches pris en otage : sa mère, âgée de 79 ans, et son frère, 51 ans. « Il faut libérer les otages, je m’en fiche comment. Je ne suis ni dans la politique ni dans l’armée. Je ne prends pas les décisions. La façon dont ça va se passer, ce n’est pas mon problème. Je veux juste que tous les otages soient libérés et maintenant. »

Que ça soit pas la force ou par la négociation avec le Hamas, Ayelet veut le retour de ses proches au plus vite. Elle a déjà perdu un frère, tué dans les attaques du 7 octobre 2023. Elle a dû l’enterrer près de chez elle, mais espère ramener son corps, après la guerre, dans le kibboutz où il a toujours vécu.

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