Reportage international

À Bethléem, la guerre à Gaza fait passer les festivités de Noël au second plan

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C'est à Bethléem, en Cisjordanie occupée, que les Chrétiens situent la naissance de Jésus. La guerre à Gaza et son lourd bilan assombrissent le quotidien des habitants de la ville qui en temps normal à cette époque préparent les célébrations de Noël et accueillent des milliers de pèlerins et de touristes. 

Des magasins fermés le jour du lancement de la saison de Noël, à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 2 décembre 2023.
Des magasins fermés le jour du lancement de la saison de Noël, à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 2 décembre 2023. REUTERS - AMMAR AWAD
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« Pas de décorations, pas de scouts, pas de musique, pas de chansons, tout est annulé. Imaginez, dans ce coin, il y a 38 magasins, ils sont tous fermés, c’est très calme ». Seul dans son magasin, au milieu de ses décorations de Noël en bois d’olivier, Louis Michel tente de garder le sourire, mais ce Palestinien de Bethléem raconte une ville en deuil, à une période de l’année où elle a pour habitude de s’illuminer. Une ville sans pèlerins ni touristes, les rares groupes qui visitent actuellement la Terre sainte ne peuvent pas entrer à Bethléem, le principal accès est fermé à la circulation, depuis les attaques du Hamas le 7 octobre. « On met une bougie à la maison pour que la guerre finisse très tôt et qu’on retrouve la vie comme avant », dit-il. 

« La tragédie, ce sont les vies perdues, pas l'économie »

Coup dur pour l’économie de la ville, mais Bethléem a connu d’autres Noël assombris par les violences du conflit israélo-palestinien. Khouloud Daibes est une personnalité locale, engagée pour la préservation du patrimoine de la ville. Les yeux et les pensées tournées vers Gaza. « Dans le contexte actuel de mort et de destruction, je trouve que le plus important ce n’est pas de parler d’économie ou de tourisme, parce qu’on parle de la vie des gens, des innocents ont perdu la vie, insiste-t-il. C’est cela la tragédie à laquelle nous sommes confrontés. Les conséquences de la guerre, l’avenir du peuple palestinien, ce sont les défis de demain. Pour l’instant, nous nous battons pour nos vies ».

Noël, une signification partagée par tous

« Jésus est un enfant de Palestine et il concerne tout le monde ici, pas seulement les Chrétiens », explique Moussa, musulman, qui tient une papèterie à Bethléem (et dont l’associé est chrétien). Le jeune homme barbu assure que Noël est un moment important pour tous dans une ville qui depuis bien longtemps n’est plus majoritairement chrétienne. C’est une décision commune des Églises chrétiennes, cette année en raison de la guerre à Gaza, les festivités publiques sont annulées. Les Palestiniens chrétiens célébreront Noël à la maison. 

C’est ici dans la Basilique de la Nativité que les Chrétiens situent la naissance de Jésus, dans l’église presque déserte, résonnent les chants des prêtres chrétiens orthodoxes. Issa Thaljieh est l’un d’entre eux. « Il faut arrêter cette guerre, arrêter le meurtre d’enfants et de civils qui chaque jour meurent par milliers, c’est cela qui nous rend tristes », dit-il. « Nous voudrions vivre en paix et c’est le message de Jésus-Christ, depuis qu’il est né ici, un message de paix et d’amour et c’est ce que nous envoyons chaque jour de Bethléem, en particulier pendant la période de Noël », ajoute-t-il.

Le religieux palestinien de Bethléem dit aussi qu’il s’inquiète pour la petite communauté chrétienne de Gaza avec laquelle il tente de rester en contact.

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