Des femmes palestiniennes témoignent des abus subis dans les prisons israéliennes
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Depuis le début de la guerre à Gaza, les prisons israéliennes comptent un nombre record de détenus palestiniens. Ils seraient 10 000 et seraient soumis à des « abus systématiques », parfois de la torture, selon plusieurs ONG israéliennes. Et les femmes ne sont pas épargnées. Reportage en Cisjordanie occupée

De notre envoyée spéciale en Cisjordanie occupée,
Roqaya Amro nous reçoit chez elle à Doura, près de Hébron. Enfoncée dans son fauteuil, cette étudiante palestinienne de 26 ans se tord les mains durant tout l’entretien. Difficile de raconter son histoire. Le 25 octobre, elle est arrêtée par l’armée israélienne, passe 35 jours en prison avant d’être relâchée dans le cadre d’un échange de prisonniers, lors de la première trêve à Gaza fin novembre.
Roqaya est passée par trois centres de détention et affirme avoir subi de mauvais traitements. « Un des moments les plus difficiles, c'est lorsqu’on nous a fait sortir des cellules et qu’on nous a demandées de nous mettre en ligne. On a commencé à nous fouiller. Après, on était nue. C’était très difficile. Pour une femme, c’est compliqué de subir ça. Ensuite, on nous a frappées avec des barres métalliques, sur les jambes, sur les bras et sur les parties intimes », détaille la jeune femme.
Roqaya nous montre ce qui semble être des traces de menottes aux poignets. Elle dit aussi avoir souffert du froid et de la faim en prison. La jeune femme ne s’explique pas pourquoi elle a été arrêtée par l’armée israélienne, même si elle admet être militante à l’université. Sa famille est connue pour critiquer l’Autorité palestinienne.
« On entend dans les médias que des prisonniers meurent »
Deux jours après sa remise en liberté, sa cousine Jénine, 21 ans, est arrêtée à son tour. « Les soldats israéliens sont venus. En cinq secondes, ils ont cassé la porte, ils étaient dans la chambre de Jénine et ses sœurs. Ils l’ont emmené alors qu’elle était en pyjama, sans foulard. Ils l’ont tiré par les cheveux. Un soldat a dit : "bouge de là salope et tu vas voir ce que je vais te faire". »
Son père assiste impuissant à la scène, il dit avoir été battu. Depuis le mois de décembre, il n’a pratiquement pas eu de nouvelles. Une attente insupportable. « On entend dans les médias que des prisonniers meurent. Que leurs conditions de détention sont misérables. Je suis traversé par beaucoup de sentiments, difficiles à exprimer : la tristesse, l’injustice, le mal, le deuil. J’ai le sentiment qu’on a arraché une partie de mon cœur »
La jeune fille est en prison depuis trois mois et demi, sans inculpation. Elle est en détention administrative, comme des milliers d’autres prisonniers palestiniens.
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