Reportage international

Quand l'Allemagne forme ses propres imams

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Berlin veut mettre fin au modèle des imams envoyés de l’étranger, notamment de Turquie. Le gouvernement allemand soutient depuis bientôt trois ans la formation d’imams « made in Germany » comme on les appelle dans le pays, des religieux ayant suivi un cursus de deux années en allemand et se réclamant des valeurs du pays. La formation se déroule à Osnabrück.

Une leçon de récitation du Coran à l'Islamkolleg Deutschland à Osnabrück, dans l'ouest de l'Allemagne, le 14 juin 2021.
Une leçon de récitation du Coran à l'Islamkolleg Deutschland à Osnabrück, dans l'ouest de l'Allemagne, le 14 juin 2021. AFP - INA FASSBENDER
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De notre correspondante à Berlin,

Un petit bâtiment moderne dans le centre d’Osanabrück. Des rayonnages couverts de livres, des tables, un grand écran. C’est là que se retrouvent deux week-ends par mois les élèves de l’Islamkolleg. En deux ans, ils deviendront imams. Murat Caglayan est chargé du module éducation civique à l’IKD, le collège islamique d’Allemagne : « Les musulmans d’Allemagne sont à majorité des gens qui sont pour la troisième génération. Ça veut dire que la plupart sont nés ici. Le problème, c’est qu’on n’a pas encore résolu la question d’avoir des imams qui sont nés ici et ont été socialisés ici. Nous devons encore relever ce défi. »

La bibliothèque est l’une des fiertés de l’école. Sept modules sont enseignés à Osnabrück. Pédagogie, récit du Coran, aumônerie ou pratique du culte. Les cours se font en allemand. La première promotion, diplômée l’automne dernier, comptait 26 personnes. Ender Cetin, 47 ans, a fait partie de cette première promotion. Aujourd’hui, il travaille comme aumônier dans la prison pour jeunes de Berlin. Il se rend également dans les classes de la capitale en binôme avec un rabbin, à l’invitation des enseignants. « C’est parfois comme un appel au secours. Les enseignants sont souvent dépassés par la question Israël-Palestine. Aujourd’hui, on a parlé du foulard islamique. Parfois, il y a une dynamique dans la classe. Des filles disent à une autre “tu dois porter le foulard, tu es musulmane”. Dans ces cas-là, c’est important pour les enseignants d’avoir à leur côté un imam qui dit “non, laisse là, elle doit décider elle-même”. »

La rémunération des imams

La formation en Allemagne, un modèle idéal ? Les problèmes sont encore nombreux. Notamment la question de la rémunération des religieux. Murat Caglayan : « À l’heure actuelle, pour les imams envoyés de Turquie par Ditib, ils ont tous été formés en Turquie et sont payés par l’État turc. Pour les autres, il y a des imams qui ne sont chargés que de la prière du vendredi et touchent donc très peu d’argent. »

Conscient de ces limites, le gouvernement allemand travaille de concert avec les représentants des communautés musulmanes à la mise en place d’un modèle de rémunération pour les imams formés en Allemagne. Les religieux pourraient un jour recevoir leur salaire de fondations cofinancées par l’État allemand.

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