Élections régionales en Allemagne: le parti d'extrême droite AfD attendu en tête en Thuringe
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Deux élections régionales, très attendues, ont lieu ce dimanche 1er septembre dans la partie est de l'Allemagne. En Thuringe et en Saxe, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) est créditée de 30 %. Et une nouvelle force, l'Alliance Sahra Wagenknecht-BSW, devrait faire une percée spectaculaire, avec un programme économique et social de gauche et des thèses conservatrices sur l'immigration.

De notre envoyé spécial en Thuringe,
Björn Höcke, le leader radical de l’AfD, est salué comme un messie par ses supporters en Thuringe, à l'Est de l'Allemagne, un bastion où le parti d'extrême droite est crédité de 30 % des intentions de vote. Il s'exclame : « Nous allons faire bouger les choses le 1er septembre ! Nous pouvons écrire une page d’histoire ! »
Beaucoup d’électeurs rejettent le système politique et la politique du gouvernement, ils ne se sentent pas écoutés. Pour autant, les électeurs de l'AfD ne sont pas des perdants, comme le montre l’exemple de Dieter, chauffeur de poids lourd : « Je me porte bien. J’ai du travail, j’ai une voiture et une moto, je pars en vacances. Financièrement, tout va bien. »
Les statistiques le confirment : la situation réelle dans la partie est de l’Allemagne n’est pas mauvaise, même si le chômage est un peu supérieur à la moyenne nationale et que les salaires restent plus bas qu’à l’Ouest. Mais émotionnellement, beaucoup se considèrent comme des citoyens de seconde zone. Après la réunification, « les Allemands de l’Est ont subi des crises importantes avec un changement de système, une désindustrialisation importante, un chômage de masse et des biographies en dents de scie », analyse Christian Herrgott, élu local chrétien-démocrate, pour expliquer ces intentions de vote.
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« La politique n’est plus faite que pour des cyclistes gays et végans », selon une cadre du BSW
Ainsi, des craintes s'expriment face à de nouveaux défis, des transformations à venir qui font ressurgir des traumatismes et suscitent un rejet des changements. Les partis qui ont des solutions simples et alternatives peuvent être attractifs, un phénomène qui explique le découplage entre les partis traditionnels et les électeurs inquiets : « C'est un grand problème, nous avons perdu beaucoup d'électeurs qui se sont tournés vers l'AfD », témoigne le social-démocrate Roland Merten, ancien secrétaire d’État à l’Éducation.
Ces personnes qui se sentent oubliées, notamment par les partis de gauche traditionnels, ont désormais une alternative avec le nouveau mouvement Alliance Sahra Wagenknecht, qui veut répondre à leurs besoins avec des promesses sociales et des positions conservatrices sur l’immigration ou les questions de société. Katja Wolf dirige l’Alliance Sahra Wagenknecht-BSW en Thuringe : « On a perdu le rapport avec ces personnes. La politique n’est plus faite que pour des cyclistes gays et végans. Ce n’est politiquement pas correct, mais cela traduit le sentiment ambiant ici. On oublie les problèmes et la gauche se bat sur des thèmes périphériques. »
L’AfD et l’Alliance Sahra Wagenknecht-BSW sont crédités ensemble de 48 % des voix dans les derniers sondages.
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