Reportage international

El Hierro, l'île la plus écologique des Canaries

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À l’extrême sud-ouest de l’archipel des Canaries, l’île d'El Hierro est certainement la plus étonnante. La plus petite avec ses 278 km², la moins peuplée avec ses 10 500 habitants, la plus isolée des sept îles. Et aussi la plus écologique. Depuis 2000, elle est classée réserve de la biosphère par l’Unesco. Depuis 2014, elle fait partie des géoparcs mondiaux, et, surtout, elle dispose d’une centrale hydro-éolienne, Gorona del Viento, qui lui assure en moyenne par an plus de la moitié de son électricité produite d’origine renouvelable.

Les cinq éoliennes d’El Hierro font partie d’une centrale hydro-éolienne, une première mondiale, installée en 2014 sur cette plus petite des îles Canaries.
Les cinq éoliennes d’El Hierro font partie d’une centrale hydro-éolienne, une première mondiale, installée en 2014 sur cette plus petite des îles Canaries. © Stefanie Schüler/RFI
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De notre envoyé spécial dans l'île du Hierro 

Dans un cratère volcanique, une réserve d’eau. 650 mètres plus bas, près de l’océan, une autre réserve d’eau, en face, deux conduits qui les relient. 

« Ici, nous avons une chute d’eau, avec un dépôt supérieur à 700 mètres et un dépôt inférieur à 50 mètres, ce qui veut dire que nous avons une chute hydraulique de 650 mètres pour générer de l’électricité avec les turbines », décrit l'ingénieur Félix Boda

Juste à côté, une immense salle hébergeant 5 turbines, qui ensemble produisent 11,5 mégawatts. Juste derrière, cinq éoliennes gigantesques, qui à plein rendement produisent aussi 11,5 mégawatts. L’originalité de cette centrale, Gorona del Viento, c’est précisément la combinaison de ces deux sources d’énergie renouvelable.

Felix Boda en explique le fonctionnement et la philosophie : « Le cœur du mécanisme, c'est le système éolien. Avec les aérogénérateurs, on alimente l’île et le système de pompage. Et ensuite, nous avons le système hydroélectrique. Il fonctionne lorsqu’il n’y a plus de vent. Quand c'est le cas, on fait tomber l’eau stockée et cela permet de produire l'électricité que le vent ne peut plus générer. Les deux systèmes se complètent et s’appuient pour générer une énergie stable ».

C’est cette centrale qui permet à l’île d'El Hierro de se diriger vers l’auto-suffisance énergétique. Tout, bien sûr, repose sur la force du vent. S’il est très puissant, alors l’île consomme 100% d’énergie renouvelable. Lorsqu’il n’y a pas assez de vent, l’hydroélectrique supplée, et lorsque ses piles sont déchargées, une centrale thermique juste à côté prend la relève.

Candelaria Sanchez est l’une des responsables de Gorona de Viento, une entreprise à la fois publique et privée. Elle explique l'objectif de cette centrale : « Oui, notre idée est d’aller vers la décarbonation complète de l’île pour la partie électrique. On n'arrête pas de faire des améliorations dans les installations pour que la part du renouvelable soit de plus en plus importante et on espère bientôt être totalement renouvelable 355 jours par an ». 

Candelaria se réfère à un projet ambitieux photovoltaïque, dans une autre partie de l’île qui permettrait à El Hierro une autosuffisance supérieure à 80%. Une ambition qui s’accompagne du fait que déjà l’île a fait des choix écologiques. Pas de grands hôtels, pas de grand aéroport, un tourisme soutenable.

Des scientifiques sont venus de Corée du Sud, d'Hawaï, de Scandinavie pour étudier ce modèle unique. Les autorités de l’île savent qu’elles sont sur le bon chemin. Leur obsession est de poursuivre l’effort et de parvenir à être la première île qui fonctionnerait uniquement à l’énergie renouvelable.

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