Reportage international

Espagne: cinquante ans après la mort de Franco, les symboles du franquisme toujours présents

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En Espagne, le 20 novembre 1975, cela fera cinquante ans que Franco est décédé. Au cours de ce mois, une centaine d'événements seront organisés pour honorer la mémoire des victimes de son régime autoritaire qui a duré 34 ans. Les autorités ont également annoncé la publication d'une liste des symboles franquistes dans l'espace public qui doivent être retirés tel que le prévoit la loi sur la mémoire démocratique de 2022. Des statues, emblèmes militaires ou noms de rue en référence à la dictature... Selon le syndicat Commissions ouvrières, 6000 symboles franquistes sont encore présents sur le territoire.

Une photo prise le 22 octobre 2025 à Madrid montre l'Arc de la Victoire, un arc de triomphe de 49 mètres de haut construit à la demande de Francisco Franco pour commémorer la victoire des troupes franquistes lors de la bataille de Ciudad Universitaria en 1936, pendant la guerre civile espagnole. Le gouvernement de gauche espagnol publiera le mois prochain une liste des symboles de la dictature du général Francisco Franco qui seront retirés des espaces publics.
Une photo prise le 22 octobre 2025 à Madrid montre l'Arc de la Victoire, un arc de triomphe de 49 mètres de haut construit à la demande de Francisco Franco pour commémorer la victoire des troupes franquistes lors de la bataille de Ciudad Universitaria en 1936, pendant la guerre civile espagnole. Le gouvernement de gauche espagnol publiera le mois prochain une liste des symboles de la dictature du général Francisco Franco qui seront retirés des espaces publics. © AFP - OSCAR DEL POZO
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Coincé entre deux bretelles du périphérique, à l’entrée ouest de Madrid, l’Arc de la Victoire est devenu un vestige encombrant. Cet édifice néoclassique construit dans les années 50 pour célébrer le succès des troupes franquistes sur les soldats républicains lors de la Guerre civile, symbolise à lui-seul la polémique autour des éléments du franquisme encore présents dans l’espace public espagnol. Emilio Silva, président de l’association pour la récupération de la mémoire historique réclame depuis des décennies un autre statut pour cet emblème du franquisme. « Cet Arc de la Victoire pourrait être soumis à un collectif d’artistes qui le réinterprète pour en changer sa signification. Madrid est encore rempli de symboles franquistes, il y a des tas de rues avec des noms de généraux qui ont participé au coup d’État. Ils sont des criminels de guerre devenus des hauts dignitaires durant la dictature. Comme par exemple, la rue du Docteur Vallejo Najera qui a été un médecin, un psychiatre qui a élaboré une théorie sur la pureté de la race espagnole ».

La loi sur la mémoire historique adoptée en 2007 sous le gouvernement socialiste de José Luis Rodríguez Zapatero prévoyait déjà le retrait des symboles faisant l’apologie de la dictature dans l’espace public. Cette mesure a été de nouveau mentionnée dans la loi sur la mémoire démocratique votée en 2022. Or dans les faits, à l’exception des statues de Franco qui ont été déboulonnées et l’exhumation du Caudillo de son mausolée, la présence franquiste dans les rues du pays est encore très visible. Et certaines régions, dirigées par des gouvernements de droite, rechignent à retirer ces vestiges du passé comme le reconnait Emilio Silva, qui fustige le manque de volonté politique. « On voit bien que lorsque certaines régions comme Madrid refusent d’appliquer la loi, le gouvernement central n’utilise pas tous les moyens de l’État pour faire appliquer le droit. Rien ne se passe pour ces régions qui décident de passer outre la loi ».

« Il y a certaines choses que l’on ne peut pas effacer »

Il faut dire que la suppression des symboles franquistes se heurte toujours à de vives réticences au sein d’un électorat conservateur. Juan Antonio, âgé de 65 ans, vit à quelques mètres de l’Arc de la Victoire. « Qu’il s’agisse d’une époque blanche ou d’une époque noire, on parle de notre Histoire et il y a certaines choses que l’on ne peut pas effacer. Il faut maintenir certains monuments. Oui, cela me dérange que l’on touche à ce passé ».

Les conservateurs ont promis d’abroger la loi sur la Mémoire démocratique s’ils reviennent au pouvoir et ont boycotté tout au long de cette année anniversaire les commémorations pour célébrer le retour à la démocratie espagnole après quarante ans de dictature. 

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