Allemagne: retour sur le procès de Nuremberg, à l'origine de la justice internationale il y a 80 ans
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Il y a 80 ans, le 20 novembre 1945, s’ouvrait à Nuremberg, en Allemagne, un procès historique contre des responsables du IIIe Reich nazi qui a capitulé en mai de la même année. Les quatre alliés vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale n’ont pas opté pour une justice expéditive, mais ont créé un tribunal militaire international chargé de juger les criminels nazis dans le respect de l’État de droit. Des concepts inédits, comme les crimes contre l’humanité, sont posés. Ils fondent les bases du droit pénal international contemporain.

Ils sont 21 haut dignitaires du régime nazi sur le banc des accusés dans la salle 600 du tribunal de Nuremberg, ce 20 novembre 1945 : Hermann Göring, le numéro deux de Hitler, Rudolf Hess, la main droite du Führer, Rosenberg, l’idéologue du régime ou encore l’architecte de Hitler, Albert Speer.
Les accusés plaident tous non coupables, se retranchent derrière des ordres reçus et des situations particulières et affirment ne pas avoir connu les horreurs commises par le régime nazi. Leurs avocats savent que la culpabilité de leurs clients ne fait pas de doute en raison des preuves irréfutables. Un film sur l’horreur des camps d’extermination, des images encore peu connues à l’époque, marquent le procès.
Si les accusés ont dénoncé la justice des vainqueurs, trois d’entre eux sont acquittés lorsque les verdicts sont prononcés le 1er octobre 1946. Douze sont condamnés à mort et exécutés par pendaison deux semaines plus tard. Les autres purgent des peines de prison.
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Douze autres procès auront lieu dans les années suivantes dans cette même salle. Mais la guerre froide et la reconstruction de l’Allemagne font passer ce passé à l’arrière-plan. Depuis quinze ans, un mémorial informe le public dans le bâtiment et attire 160 000 visiteurs par an, les trois quarts viennent de l’étranger.
« Tout a changé. On est conscient aujourd’hui de l’importance de ce procès pour le travail historique sur les crimes du IIIème Reich. Je suis toujours surprise par l’intérêt et les connaissances de nos visiteurs », déclare Nina Lutz, la directrice du mémorial.
Comme le montre l’exemple de ces jeunes Allemands : « On voit d’un côté que le procès était équitable, mais aussi que des criminels ont été acquittés. Espérons que cela sera différent à l’avenir, on pense à l’Ukraine par exemple », analyse un jeune homme. « Je n’avais pas conscience de l’importance du procès pour le droit pénal international », admet un autre. « Ça montre qu’on peut faire quelque chose contre ces crimes, mais le monde doit travailler ensemble », ajoute un troisième.
Le procès de Nuremberg n’est pas qu’un chapitre historique essentiel après la chute du IIIème Reich. Il marque une césure du droit international toujours d’actualité, comme l’explique Gurgen Petrossian de l’académie des principes de Nuremberg : « Les principes de Nuremberg ont une importance centrale pour le droit pénal international. Ces règles ont été reprises dans le droit national des États. Nous le voyons dans des procès aujourd’hui où ces mêmes principes sont appliqués. »
Le procès qui a commencé hier à Coblence, contre cinq hommes accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité sous le régime Assad, en Syrie, illustre cette actualité de Nuremberg.
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