« Les Angolais doivent démontrer à l’Afrique et au monde leur maturité électorale » : appel lancé par João Tona, le roi de Soyo (dans la province de Zaïre, dans l’extrême nord du pays). Un appel relayé par le site d’information angolais Angop. « Devant la presse, le roi de Soyo a rappelé que "les Angolais avaient déjà prouvé qu’ils étaient prêts à vivre dans l’harmonie, la concorde et le respect des différences politiques. Les élections doivent être considérées comme une fête de la démocratie, a-t-il poursuivi, où chaque citoyen en âge de voter doit choisir de manière responsable les futurs dirigeants du pays". »
Ce mercredi, les 14 millions d’électeurs angolais sont donc appelés à désigner leurs députés qui désigneront à leur tour un président. Tout devrait se jouer entre le MPLA, au pouvoir depuis l’indépendance, et l’Unita.
Un scrutin qui s'annonce serré
« Dès son élection en août 2017, (le président issu des rangs du MPLA) João Lourenço avait prévenu, rappelle Le Monde Afrique : "Il y a de l’argent en Angola et on va le trouver". Le chef de l’État s’était alors lancé dans une vaste campagne anticorruption. Il avait appelé les exilés fiscaux à rapatrier leurs fonds dans ce pays lusophone d’Afrique australe, deuxième producteur de pétrole du continent, mais où plus de la moitié de la population vit avec moins de 1,9 dollar par jour. »
Au début de son mandat, pointe encore Le Monde Afrique, « João Lourenço avait surtout traqué les pétrodollars siphonnés par la famille de son prédécesseur, José Eduardo dos Santos, mort le 8 juillet et dont les obsèques doivent se dérouler en fin de semaine, à Luanda, dans un contexte tendu. Pour son opération "mains propres", João Lourenço, a reçu les félicitations du Fonds monétaire international. S’il est réélu, le candidat du MPLA a promis d’augmenter le salaire minimum et celui des fonctionnaires ». Et Le Monde Afrique de s’interroger : « Cela suffira-t-il ? Même s’il reste le favori des sondages, le scrutin s’annonce serré ».
Bascule ?
« L’alternance sera-t-elle au rendez-vous ? », se demande Le Pays au Burkina Faso. « Tout laisse croire que le MPLA au pouvoir est toujours majoritaire dans le pays. Cependant, l’arrivée au pouvoir de João Lourenço (il y a 5 ans) a ébranlé l’unité de façade au sein du parti. En engageant la lutte contre la corruption, il a été amené à s’attaquer à la famille de l’ancien président dont les membres se partageaient littéralement le patrimoine du pays. Ce qui lui vaut une certaine hostilité de la part de la famille dos Santos qui compte (toujours) des partisans (…). Il n’est donc pas certain que les militants du MPLA feront bloc derrière le candidat du parti. En outre, pointe encore Le Pays, la crise économique persistante, malgré les immenses ressources naturelles du pays, conduit certains à se poser des questions sur la réelle capacité du MPLA à bien gérer le pays et à trouver une solution à leurs problèmes. »
Le Point Afrique renchérit : « D’après les observateurs de la vie politique angolaise, le MPLA n’est pas assuré de la victoire. Un vent d’espoir semble à l’ordre du jour, alors que de nombreux Angolais confient leurs envies de "changement", dans ce pays de 33 millions d’habitants, l’un des plus pauvres et inégalitaires au monde. En effet, les sondages prédisent un duel serré entre le MPLA de João Lourenço et l’opposition, que l’on peut situer à droite, dominée par l’Unita d’Adalberto Costa Júnior ».
Avertissement…
« Angola : un scrutin serré dans un air de changement », titre pour sa part Wakat Séra. « Le désir de changement, bien présent en Angola et qui fait dire à l’historique parti de l’opposition, l’Unita, que son "heure est venue", a-t-il des chances de devenir réalité ? », s’interroge le site ouagalais. Peut-être, mais « si ces élections n’ouvrent pas la voie à l’alternance, elles devraient tout de même constituer un avertissement sans frais pour João Lourenço, dont la venue aux affaires avait suscité énormément d’espoir au sein de populations excédées par les frasques des dos Santos qui avaient fini par confondre le bien public angolais avec le patrimoine familial ».
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