À la Une: l’armée du Nigeria sous le feu des critiques
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Quatre-vingt-cinq civils, au moins, sont morts dans une frappe militaire contre un village de l’État de Kaduna dimanche, tous rassemblés, raconte Le Pays, « à l’occasion d’une fête musulmane ». D’abord réticente à admettre ses torts, la grande muette a donc fini par reconnaître être à l’origine de cette frappe… Une bavure de plus d’après Aujourd’hui au Faso : selon le titre, ces erreurs meurtrières « se multiplient » et on en recenserait même « 300 depuis 2017 ». « Ça fait beaucoup, pour une armée professionnelle », s’agace le journal burkinabè.
Même constat dans la presse nigériane où, écrit le Guardian, l’opposant Peter Obi a « demandé aux militaires nigérians d’essayer d’éviter d’être une honte pour eux-mêmes et les autres ».
Une mission anti-terroriste
C’est ce qu’explique le quotidien nigérian The Vanguard : « l’attaque de drone (…) se basait sur des informations au sujet d’activités indésirables de terroristes dans la zone ». Dans une région où les groupes armés sont très bien implantés, les moyens de surveillance aériens ont détecté des mouvements de groupes de personnes, et les ont interprétés comme des déplacements de terroristes… En fait, il ne s’agissait que de civils.
Malheureusement, déplore Aujourd’hui au Faso, alors que le géant nigérian est « confronté depuis des lustres » aux terroristes, notamment ceux de Boko Haram, « l’armée a souvent fait dans la démesure et le zèle ». Le Vanguard rétorque : « les terroristes se font régulièrement passer pour des civils afin que ces derniers paient le prix de leurs atrocités ».
Il est donc grand temps, réclame Le Pays, « de faire en sorte que de tels drames ne se reproduisent plus ». Et pour cela, il faut comprendre ce qui s’est passé, donc, « avoir l’audace de diligenter une enquête sérieuse » et ce « dans des conditions de totale transparence ». Comment, sinon, maintenir la confiance au sein de la population ? Les mêmes habitants dont, pointe le journal, la collaboration est « nécessaire pour éradiquer » la présence terroriste. Il y a donc urgence à faire la lumière sur cette situation… Mais pour l’instant, précise le Vanguard, l’armée promet surtout « de continuer à trouver des solutions innovantes ».
L’insécurité, priorité n°1 en République démocratique du Congo
Objectif affiché par le président sortant Félix Tshisekedi mais « combat perdu » pour Le Monde Afrique, malgré ses diverses tentatives depuis 2021. Au point que c’en est devenu « un angle d’attaque commun » de l’opposition, estime le quotidien, « tout particulièrement dans l’est du pays, frontalier de l’Ouganda et du Rwanda », pays avec lequel les relations diplomatiques sont devenues glaciales à cause, précisément, de l’insécurité.
Malgré la désignation de Jean-Pierre Bemba (« homme d’expérience charismatique ») à la tête de la défense ; malgré l’enrôlement de 40 000 recrues ; malgré « le ménage dans les états-majors » et malgré le fait de s’être « tourné vers les organisations régionales », le succès est mitigé. Un échec que Le Monde met sur le compte des intérêts particuliers : au sein de la force régionale, la force de l’EAC, « chacun (…) semble suivre son propre agenda. Aucun n’a engagé le combat contre le M23 ».
Un retrait programmé dans ce contexte
Le départ a commencé il y a quelques jours, la force de l’EAC étant censée avoir quitté les lieux d’ici deux jours. Alors, quelle solution ? Pour une militante et membre de la société civile interrogée par Actualite.cd, « la paix dans l’Est est tributaire de paramètres qui dépassent complètement les enjeux régionaux ». La vraie solution résiderait donc, selon cette actrice, « dans une prise de conscience de la population », mais aussi de profondes réformes : institutions, justice, organisation stratégique…
Plus terre à terre, les autorités ont d’autres choses en tête : La Référence Plus évoque ainsi les affirmations du pouvoir, selon lesquelles « l’armée nationale est en train de monter en puissance, avec l’objectif d’assurer elle-même la défense du territoire ». Et puis, il y a le potentiel « déploiement de contingents de la communauté d’Afrique australe », dont la RDC est membre. On attend de voir : annoncé depuis mai, cet objectif n’a pas encore été concrétisé, faute notamment de financements. Avec un risque, s’inquiète Le Monde Afrique : celui « d’un vide sécuritaire ».
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