
« Rajoelina répond à la Gen Z » : c’est le grand titre du quotidien L’Express à Antananarivo. Après les manifestations de ces derniers jours, le président malgache a limogé ses ministres. « La démission du gouvernement "dans les 72 heures" figurait parmi les revendications de la Gen Z. Visiblement, le Chef de l’État a pris les devants, pointe L’Express. Dans son allocution, Andry Rajoelina a également présenté ses "excuses" face à "l’incapacité de certains membres du gouvernement à accomplir les tâches attendues par la population". Il a aussi annoncé la création "d’un espace de concertation" afin que les citoyens, notamment les jeunes, puissent participer à l’élaboration de solutions pour les affaires nationales. Andry Rajoelina a par ailleurs promis un changement de cap dans la conduite des affaires publiques, citant la transparence dans les dossiers sensibles qui touchent directement à la population, comme celui de l’énergie ».
Et puis, note encore L’Express, pour lui, pas question de démissionner.
Autre point important, souligne Jeune Afrique : « Andry Rajoelina a annoncé qu’un nouveau Premier ministre serait nommé dans les trois jours, et un nouveau gouvernement dans la semaine. Une façon pour le chef de l’État de tenter de reprendre la main, commente le site panafricain, alors qu’une session parlementaire extraordinaire serait en préparation avec, selon certains députés, la possibilité d’une motion d’empêchement qui pourrait bien sceller le sort du président si jamais la majorité des deux tiers devait être atteinte ».
La fronde va-t-elle se calmer ?
En attendant, la dissolution du gouvernement et les propositions du président suffiront-ils à calmer le mouvement de protestation issu de la jeunesse ?
Pas sûr, répond Madagascar Tribune : « le mouvement Gen Z pourrait prendre de l’ampleur avec un engagement accru des politiciens et des syndicats, et ce malgré la réticence des jeunes. Cette alliance de circonstance pourrait savonner la planche sur laquelle marche le régime, avec les effets que l’on a vus à plusieurs reprises dans les crises depuis 1972 ».
En effet, rebondit Afrik.com, « le limogeage du gouvernement est une chose, mais elle reste loin de satisfaire la rue. La rue qui réclame désormais le départ pur et simple du chef de l’État. Entre volonté affichée de dialogue et pression d’un mouvement citoyen inédit, Andry Rajoelina se retrouve face à un dilemme, constate le site panafricain : réformer en profondeur pour calmer la colère, ou bien risquer de voir l’histoire se répéter avec une nouvelle transition imposée par la rue ».
Et Afrik.com de rappeler que « Madagascar n’en est pas à sa première crise politique majeure. Depuis son indépendance en 1960, le pays a régulièrement été secoué par des révoltes populaires. L’ascension d’Andry Rajoelina lui-même, d’abord comme maire d’Antananarivo, avait été rendue possible par le soulèvement de 2009 qui avait conduit au départ de Marc Ravalomanana. Son retour au pouvoir par les urnes en 2018 puis en 2023, lors d’un scrutin contesté, n’a pas apaisé les divisions profondes d’une société marquée par la pauvreté et la défiance envers ses dirigeants ».
Aller plus loin ?
L’histoire se répète donc, constate Aujourd’hui à Ouagadougou : « le dégagisme pousse des cris de colère à Madagascar. Le mouvement social qui se tient à équidistance des lobbies politiques, se veut une matrice pour un changement radical, en tout cas, pour acter l’avènement d’une nouvelle race de dirigeants, que n’a pas su incarner, l’ancien DJ, qui a pourtant accédé au pouvoir jeune. Quel avenir pour cette lutte pour la survie sur la Grande île ? Que peut faire Andry Rajoelina pour se dépêtrer de ce mauvais pas ? Le congédiement de son premier ministre et tout le gouvernement pourra-t-il sauver les meubles ? »
« Madagascar : le limogeage du gouvernement suffira-t-il à calmer la fronde ? », s’interroge également Ledjely en Guinée. « La véritable question est de savoir si Andry Rajoelina est prêt à aller plus loin : ouvrir un dialogue sincère avec la jeunesse et l’opposition, poser les bases d’une gouvernance plus transparente et redistributive, et, surtout, redonner confiance à une génération en quête d’avenir. Sans quoi, prévient Ledjely, le mouvement Génération Z pourrait bien devenir le catalyseur d’un basculement politique inédit dans l’histoire récente de Madagascar ».
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