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À la Une: qui se cache derrière la colère de la Gen Z?

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Des manifestants arborent le drapeau du manga japonais «One Piece» dans les rues d'Antananarivo, le 30 septembre 2025.
Des manifestants arborent le drapeau du manga japonais «One Piece» dans les rues d'Antananarivo, le 30 septembre 2025. AFP - RIJASOLO
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Ce « mouvement aussi viral qu’insaisissable », résume Jeune Afrique, en rappelant que la « vague » de contestations a atteint, ces derniers jours, Madagascar puis le Maroc... et menace peut-être l'Algérie, où « un compte Gen Z 213 vient d’être créé, et a lancé un appel à manifester ce vendredi ».

Au Maroc, le collectif Gen Z 212 réclame désormais la démission du gouvernement. Avec ses « revendications sociales et économiques », le mouvement est né, rappelle le journal algérien El Watan, « sur Discord, une plateforme de messagerie privilégiée par les gamers ». « Personne ne sait vraiment qui sont ces jeunes, indique un sociologue interrogé par El Watan. Ce qui est sûr, c'est que ce mouvement est né de manière spontanée sur les réseaux sociaux, porté par des personnes qui n'étaient pas forcément militantes ».

Cela interroge, d'ailleurs, Le Matin, le quotidien marocain qui se demande pourquoi ces jeunes choisissent « de porter leurs revendications directement dans la rue et sur les réseaux sociaux, plutôt que de s’appuyer sur la société civile, censée être un relais naturel de leurs préoccupations ». Le président du Centre marocain pour la citoyenneté apporte une première réponse : « La Génération Z évolue dans un univers façonné par l’instantanéité et de nouveaux codes d’expression. La majorité des associations, restées ancrées dans des démarches classiques, n’ont pas su adapter leurs méthodes d’intervention à cette réalité. Résultat, un fossé s’est creusé ».

Un ras-le-bol au-delà du Maroc et de Madagascar

« Des rues de Katmandou (au Népal), aux avenues de Lima (au Pérou), un même souffle de colère semble traverser les jeunesses des pays du Sud », observe Jeune Afrique. « Les situations locales diffèrent, les mots d'ordre ne sont pas identiques » mais « il est impossible de parler d'une simple coïncidence », estime le magazine, qui fait donc la liste des points communs de ce mouvement. L'âge et les réseaux sociaux, certes, mais aussi l'utilisation de « symboles puisés dans la pop culture », comme le drapeau pirate du manga One Piece qui « flotte en tête de cortège » ou bien le salut à trois doigts de la saga Hunger Games qui s’était imposé, en Thaïlande et en Birmanie, comme geste de ralliement et de résistance. Autre point commun relevé par Jeune Afrique : « l'absence de leaders ou de structures politiques visibles ». « Une horizontalité revendiquée au nom de la volonté de tourner la page des "anciens modèles", qui rend ces mouvements difficiles à cerner par les autorités, qui peinent à les comprendre et à les canaliser. La répression s’en fait souvent plus brutale encore ». Le magazine note, d'ailleurs, que « si les manifestations sont au départ le plus souvent pacifistes, elles prennent un tour de plus en plus violent à mesure que la répression s’abat et que les mouvements se radicalisent ». Un constat, cependant, conclut Jeune Afrique : « en quelques mois, la Gen Z a fait tomber plusieurs gouvernements. Qui sera le prochain ? »

Voir au-delà des manifestations

« Partout en Afrique et au-delà, les soulèvements de jeunes forcent les dirigeants à reculer », confirme le Daily Nation, à Nairobi. Mais « au-delà des manifestations, la génération Z doit se préparer à diriger », prévient le journal kényan. « L'histoire nous rappelle que si renverser le pouvoir peut se faire en quelques jours, construire quelque chose de meilleur exige des années de préparation et de patience »La révolution égyptienne « a cédé la place au régime militaire, rappelle le Daily Nation, et les militants de Hong Kong ont été contraints à l'exil ou à la prison ». Ces mouvements doivent donc « évoluer s'ils veulent façonner ce qui adviendra après ». « Madagascar illustre, selon le quotidien, la fragilité de la situation actuelle. Le gouvernement a été dissous, mais le président est toujours là. Si les manifestants ne parviennent pas à maintenir la pression en s'organisant et en proposant des alternatives politiques, le risque est de voir le statu quo resurgir. À moins que l'énergie actuelle ne se consolide en institutions civiques et politiques durables, les victoires risquent d'être symboliques plutôt que structurelles ».

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