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À la Une: le général Mamadi Doumbouya candidat à la présidentielle en Guinée

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Le président de la transition en Guinée, Mamadi Doumbouya est candidat à la présidentielle du 28 décembre. (Sur la photo) lors du référendum constitutionnel, le 21 septembre 2025 qui lui permet de se présenter. [Image d'illustration]
Le président de la transition en Guinée, Mamadi Doumbouya est candidat à la présidentielle du 28 décembre. (Sur la photo) lors du référendum constitutionnel, le 21 septembre 2025 qui lui permet de se présenter. [Image d'illustration] © Presidency of the Republic of Gu / via REUTERS
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« Ce devait être un acte somme toute ordinaire, relate Ledjely à Conakry, mais qui aura pris les allures d’un événement d’envergure nationale. Hier lundi, dernier jour de dépôt des dossiers de candidature à la présidentielle, la Cour suprême de Conakry a été le théâtre d’une mise en scène soigneusement orchestrée autour du dépôt du dossier du général Mamadi Doumbouya, président de la Transition. »

Après des heures d’attente aux alentours de la haute juridiction, la foule de ses partisans a été enfin comblée. Ledjely nous décrit la scène : « vêtu d’un boubou blanc orné des motifs des quatre régions naturelles et coiffé d’un bonnet assorti, le général Doumbouya est descendu de son véhicule pour saluer brièvement la foule, avant de s’engouffrer dans l’enceinte de la Cour suprême. Dix minutes plus tard, il en ressortait, le visage impassible, adressant un dernier salut depuis le toit ouvrant de sa voiture. Un geste bref, maîtrisé, mais hautement symbolique. En l’espace d’une dizaine de minutes, Conakry a vécu l’acte final d’un suspense savamment entretenu, pointe le site guinéen, où la mise en scène a rivalisé avec la solennité. La capitale s’est figée, suspendue à un seul geste : celui du président de la Transition officialisant ce que tout le monde savait déjà. »

« Parjure et trahison »

De son côté, l’opposition, rassemblée sous la bannière des Forces vives de Guinée, rejette la candidature de Mamadi Doumbouya. C’est ce que pointe notamment le site Guinée 7 : « les Forces vives de Guinée qualifient cette candidature de parjure et de trahison envers la Charte de la Transition et le peuple de Guinée. Elles appellent à une mobilisation nationale pour défendre la démocratie, la liberté et l’honneur du pays. »

Mamadi Doumbouya est sûr de gagner cette présidentielle du 28 décembre, « tant il a dégagé la voie pour se faire élire », relève Le Monde Afrique. Ce dépôt de candidature savamment orchestré était « une façon de donner un vernis de légitimité à son pouvoir pour les sept prochaines années, durée de son probable futur mandat, renouvelable une fois. Cette prolongation annoncée inquiète ses opposants, poursuit le journal. Pour la plupart résignés ou exilés, ils dénoncent la chape de plomb qu’il a, selon eux, fait tomber sur la Guinée. Pendant la transition, plusieurs voix dissidentes ont été réduites au silence et des radios ou télévisions privées ont été fermées. Des militants civils, ainsi qu’un journaliste et des militaires, ont disparu sans laisser de trace. Leurs proches et des organisations de défense des droits humains pointent la responsabilité de la junte dans ces affaires, laquelle s’en est toujours défendue. »

La proximité avec la France

Et Le Monde Afrique de relever que « ces accusations n’empêchent pas la France de coopérer avec Mamadi Doumbouya. Contrairement à ses homologues sahéliens, en rupture de ban avec Paris, l’imposant putschiste guinéen a toujours été jugé fréquentable par les autorités françaises. »

Côté guinéen, le pouvoir militaire se veut pragmatique, n’écartant aucun partenaire. Côté français, on plaide, relève le journal, pour « une realpolitik sans états d’âme. Aux yeux de Paris, mieux vaut coopérer avec cette junte imparfaite plutôt que de la voir se rapprocher de l’Alliance des États du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger), soutenue par Moscou – et offrir à ces pays une stratégique ouverture maritime. »

Ce qui intéresse Paris est « la bauxite et le diamant »

Une attitude conciliante qui provoque la colère de l’écrivain guinéen Tierno Monénembo, l’une des rares personnalités à encore oser critiquer publiquement la junte.

Dans les colonnes du Point Afrique, le prix Renaudot 2008, ne mâche pas ses mots : « la France a pour le tyran de Conakry les yeux de Chimène. Rien de trop pour son petit protégé ! C’est vers Conakry dorénavant, constate Tierno Monénembo, et non vers Dakar ou Ndjamena que vont les chèques les plus gros et le matériel militaire de dernier cri. Habituellement, en cas de coup d’État, la France suspend sa coopération militaire avec le pays concerné. Avec Mamadi Doumbouya, non seulement celle-ci n’a jamais été interrompue, mais elle s’est intensifiée. (…) Emmanuel Macron ne semble pas beaucoup s’émouvoir des dérives dictatoriales de son poulain de Conakry, fustige encore Tierno Monénembo. Pendant que celui-ci tord le cou à la charte de la Transition, pendant que se multiplient les morts mystérieuses et les disparitions forcées, il fait semblant de regarder ailleurs. (…) Ce qui l’intéresse, conclut l’écrivain, c’est la bauxite et le diamant, certainement pas le sort de Sadou Nimaga, de Maraouane Camara, de Foninké Mengué et de Billo Bah, disparus depuis plus d’un an et dont on ne sait toujours rien. »

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