Revue de presse des hebdomadaires français

À la Une: le malaise de la gifle en public au président Macron

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La plupart des hebdomadaires et magazines ayant déjà terminé leur bouclage, seul Marianne a consacré sa une à l'agression du président Emmanuel Macron cette semaine.
La plupart des hebdomadaires et magazines ayant déjà terminé leur bouclage, seul Marianne a consacré sa une à l'agression du président Emmanuel Macron cette semaine. © Marianne
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La scène se passe mardi dernier dans le sud-est de la France. Emmanuel Macron a tombé la veste. Au pas de gymnastique, le président vient serrer des mains, dont celle de Damien Tarel. C’est alors que cet intérimaire de 28 ans le saisit par le bras et lui assène une gifle, dont les images tournent aussitôt en boucle sur les écrans.

La plupart des hebdomadaires et magazines ayant été pris de court, contraintes de bouclage obligent, il n’y a guère que l’hebdomadaire Marianne qui ait eu le temps de développer cette dérangeante séquence.

« La gifle du 8 juin est venue brutalement rappeler ces profondes crispations à la Macronie, que le déconfinement berçait depuis quelques jours dans une atmosphère d’optimisme, voire un début d’euphorie », souligne ce magazine. Selon Marianne, « cette gifle surgit également comme le symbole éclatant d’un quinquennat sous tension. Élu sur un socle électoral extrêmement étroit, par défaut diront certains, et même "par effraction", comme il l’a affirmé lui-même, Emmanuel Macron n’a pourtant pas tenu compte de cela. En tout cas, pas tout de suite ». 

Dans une France consternée, la condamnation de ce geste a été unanime

Et son auteur a aussitôt été condamné par la justice. Mais alors, pourquoi ce malaise ? 

Évoquant l’agresseur d’Emmanuel Macron, Marianne souligne qu’il ne s’agit pas seulement « d’un crétin s’offrant son quart d’heure de célébrité en giflant le président de la République au cri bouffon de  "Montjoie, Saint-Denis !" », il convient d’y voir aussi « le signe inquiétant d’une absence totale de limites chez une part croissante » des Français.

Et cet hebdomadaire invite ses lecteurs à ne pas davantage se rassurer au spectacle du bel unanimisme de réprobation de la classe politique « surjouant la responsabilité ». Qu’on ne s’y trompe pas, enjoint ce journal, « si la déliquescence de notre vie publique se lit dans le geste d’un hurluberlu tout content d’exister durant quelques minutes et dans les commentaires, sur tous les réseaux sociaux, de ceux qui justifient le geste au nom de leur détestation d’Emmanuel Macron (…), cette séquence vient conclure un moment politique dans lequel l’abaissement des fonctions et des institutions ne fut pas le fait des citoyens mais de leurs représentants (…) L’intégration de la politique au spectacle (…) est bien le fait des politiques eux-mêmes ».

Alors ? Alors au-delà du seul président Macron, Marianne enjoint « les endormis » à prendre la mesure de « la fracture entre le peuple et les gouvernants ». Sinon, prévient cet hebdomadaire, « l’ampleur de la crise démocratique qui déstructure la France », mais aussi « le sentiment, chez nombre de citoyens, d’une illégitimité des élus (qui) débouche de plus en plus sur un nihilisme s’abîmera dans le chaos ».

En Algérie, hier, les législatives anticipées ont sans surprise été boudées par les électeurs

La moitié des partis en lice étaient clairement islamo-conservateurs. Et l’éventualité de leur victoire sortie des urnes alarme l’Algérie laïque. Justement, dans Le Point, l’écrivain et essayiste Kamel Daoud explique « pourquoi "ils" gagnent en Algérie (et ailleurs) ». « Ils », ce sont les islamistes. Trop longue pour être développée in extenso ici, on relèvera de la démonstration de Kamel Daoud que ce dernier regrette d’abord que « l’effet de loupe en Occident sur les élites laïques, progressistes, (soit) trompeur. Parce qu’on interroge des "militants de la démocratie", parce qu’on les voit protester régulièrement, s’exprimer avec l’éloquence de la langue commune contre les dictatures, parce qu’ils sont actifs sur les écrans, s’expriment en français (ou en anglais) et parce qu’ils campent bien les codes du victimaire démocratique, on les croit nombreux et capables de peser sur le réel. Ce qui est faux », lance-t-il.

L’effet loupe trompeur, mais pas que… Dans Le Point, le chroniqueur qu’il y est explique aussi que « les islamistes gagnent parce qu’ils ont su se fabriquer une force de frappe médiatique redoutable et punitive, une galaxie d’associations efficaces et un langage clair pour les électeurs. (…) Bilan ? Au "sud", le démocrate perd parce qu’il est isolé, sa visibilité est virtuelle, il n’a pas de télévision ni de mosquée. En quoi cela concerne la France, interroge Kamel Daoud dans Le Point ? En tout : un émirat au Sud, ce sont des tempêtes de sable au Nord ».

Jeudi 17 juin, dans quatre jours, est programmé le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, après dix ans d’absence

Pour l’occasion, Le Journal du Dimanche fait de Laurent Gbagbo son « leader de la semaine ». L’ex-chef de l’État l’assure : « il n’est animé d’aucun esprit de revanche et veut œuvrer à la réconciliation », rapporte cet hebdomadaire.

Laurent Gbagbo ? « Un animal politique hors norme qui, malgré l’exil, a conservé la main sur le Front populaire ivoirien » et qui « jouit d’une forte popularité au sein des couches populaires, dont il se veut le défenseur », énonce Le JDD, en soulignant notamment que son « alliance » avec le « troisième parrain national », Henri Konan Bédié « inquiète ». Sans toutefois préciser qui…

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