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À la Une: le procès de l’attentat de Nice

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Un homme interpellé par la police, le 16 juillet, dans le cadre de l'enquête sur l'attentat de Nice.
Un homme interpellé par la police, le 16 juillet, dans le cadre de l'enquête sur l'attentat de Nice. REUTERS/Eric Gaillard
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« Au premier jour d’audience du procès des attentats de Paris du 13 novembre 2015, relate Nice Matin, alors qu’on lui demandait quelle profession il exerçait, le principal accusé, Salah Abdeslam, avait lâché, encore arrogant et provocateur: 'Combattant de l’État islamique'.

Un coup de massue pour les victimes. (…) Qu’aurait répondu Mohamed Lahouaiej Bouhlel, le tueur de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice, s’interroge Nice Matin, s’il avait fait face à la justice lors du procès qui s’ouvre ce lundi ? Qu’aurait répondu ce Tunisien de 31 ans, s’il n’avait pas été abattu par la police, après avoir laissé sans vie 86 personnes et plus de 450 blessées, sur le parcours de son camion, lancé sur la promenade des Anglais, ce soir de fête ? Qu’aurait répondu cet homme qui maltraitait son épouse, sa cousine germaine ? Qu’aurait répondu ce père de famille de trois enfants capable de poignarder l’ours en peluche de sa fille (…) ? Pendant les trois mois et demi de procès, les parties civiles n’auront pas à affronter le regard de celui qui leur a tout enlevé. Certaines victimes le regrettent, d’autres pas. Elles vont devoir tout de même faire face à leur bourreau d’une autre manière, tant il hantera les débats. Sa vie va être disséquée afin de tenter de comprendre la construction meurtrière. Bouhlel, ce fantôme si présent, a emporté tant de ses secrets avec lui. »

Et Nice Matin de s’interroger encore : « les huit accusés qui seront jugés dès ce lundi, sept hommes - dont un en fuite - et une femme, permettront-ils de lever une partie du voile qui recouvre toujours la promenade des Anglais, six ans après l’attentat le plus meurtrier commis en France par une seule personne ? »

Rien n’a changé…

« C’était il y a six ans mais rien n’a changé, et la menace gronde toujours, relève Le Parisien. Le poison de l’antisémitisme ou l’attentat du 12 août contre Salman Rushdie, plus de trente ans après qu’il a été condamné par une fatwa, nous montrent à quel point la haine ne s’est pas tarie. Aujourd’hui encore, on lit des messages intolérables sur les réseaux sociaux et on entend des propos insupportables, sur les femmes notamment. Sur nos modes de vie, sur nos valeurs. Alors oui, conclut Le Parisien, la vigilance et l’intransigeance, la fermeté, pour protéger notre vivre-ensemble, c’est bien le moins que nous devons à nos enfants et aux générations futures. »

Kenza, traumatisée à vie

Parmi les rescapées, Kenza, 10 ans… Libération raconte : « le 14 juillet 2016, Kenza vient de souffler sa quatrième bougie. Elle regarde le feu d’artifice en famille, un paquet de bonbons à la main. "Kenza s’est retournée et elle a dit : Maman, il y a un camion ", se remémore sa mère, Hager, 38 ans. Pas le temps de courir, dit-elle : il nous fonce dessus. Je ne peux pas bouger. Je peux juste protéger ma fille avec mon corps. Je me couche fort sur elle. Mère et fille se jettent sous le camion et passent entre ses roues". Hager est blessée sur le côté droit. Kenza ressort indemne physiquement. Pas psychologiquement. "Elle a remis des couches le soir même. Elle ne pouvait plus se retenir. Elle ne dormait pas. Ça a dégringolé. Depuis l’attentat, c’est des crises de nerfs, d’angoisse, de pleurs. Elle revoit les scènes : elle me décrit une tête écrasée au sol qu’elle a vue". Dès le lendemain, poursuit Libération, Kenza est reçue au centre d’évaluation pédiatrique du psychotraumatisme Lenval de Nice. Six ans après, elle retourne deux fois par semaine en consultation. "Elle ne dort plus dans sa chambre mais dans mon lit, raconte encore sa mère. Elle ne peut plus prendre le tram, elle ne supporte plus la distance avec moi. Elle est souvent absente à l’école. Il y a tellement de cauchemars, tellement de fatigue. Parfois, elle se réveille et elle vomit. Une sirène dans la rue, une alarme à l’école, un camion, ça réactive tout. Elle me serre la main et se fait dessus automatiquement". »

Accusés mais pas complices

Alors, « dans le box, 8 accusés, mais aucun complice », relève Le Monde. « Trois connaissaient le tueur. Il est reproché au premier d’avoir servi d’intermédiaire pour l’achat d’une arme et aux deux autres d’avoir été au courant de sa radicalisation récente. Aucun n’est jugé pour "complicité", mais pour "association de malfaiteurs terroriste", un crime passible de trente ans de prison. »

Et Le Monde de s’interroger : « ont-ils deviné le drame qui se profilait ? Sont-ils coupables de complaisance à son endroit ou victimes de sa perversité ? Le verdict est attendu mi-décembre. »

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